20 août 2007

Rachel Roberts : S1m0ne, la femme virtuelle

"Sim0ne" (2002), narre la création d'un créature de rêve 100% virtuelle (suite informatique de "0" et de "1") par Al Pacino, metteur en scène aux abois. Le réalisateur Andrew Niccol ne fait que pousser à son extrême limite la logique lissante et normative de l'image féminine contemporaine.


L'une des scènes de "S1m0ne" symbolise un rêve de contrôle gestuel et esthétique : la femme virtuelle s'anime par un process de soumission mimétique.


L'actrice Rachel Roberts prête sa silhouette, sa voix, ses traits à la créature numérique. Les apparitions de S1m0ne, et les photos associées sont caractérisées par ce côté lisse, inhumain qui caractérise l'iconographie féminine actuelle.


Dans le sillage des multiples images redessinées de la publicité et de la mode, de la forme du visage à la longueur du cou, du corps et des jambes se créent des modèles inaccessibles aux filles et femmes du réel, ainsi qu'au commun des hommes.


Intéressant : lorsqu'un photographe met en scène Rachel Roberts dans des clichés à fort potentiel érotique, l'incontournable retouche se fait discrète. Quelques marques de la vie et du temps sont tolérées... De légères poches sous les yeux, un pli du cou, du ventre... Le grain de la peau apparaît. Dans le contexte normatif actuel, l'émission d'un dense filet de fumée parachève la transgression.


L'érotisme, la sensation sont donc associés à la reconnaissance du corps qui bouge, qui vit, qui porte les traces de son humanité, de son histoire personnelle, sensuelle, de sa faillibilité face au temps, à l'inatteignible perfection.


Ce qui est finalement rassurant.


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