26 octobre 2008

Bardot, la Star et le Solex

Bardot, superbe dans sa maturité, et le Solex, désuet. Deux grands symboles français rassemblés sur la photo, en 1971.

Deux, trois ans plus tard, Brigitte Bardot quitte l'univers du vedettariat mondial, soudain consciente du vide intense qu'il recèle. Et le Solex cède la place aux scooters japonais.

La star incontestée, le deux-roues-fétiche des années 50 et 60 ont fait leur temps. En ce début des années 70, c'est leur fin de règne.

Ce cliché symbolise la fin d'une époque. Le basculement d'une transgression mesurée, d'une économie de vie, à la jouissance et à la consommation sans limite des années 70. D'abord aspiration diffuse d'une jeunesse sur-majoritaire dans une société économiquement développée mais socialement figée, puis simple mécanisme économique et marketing.

Restent deux icônes, celle de "Bardot" étant définitivement associée à l'image de la femme, de la femme française, quelles qu'aient été les péripéties des années suivantes.

La réalité passe. Les symboles restent.
Thierry Follain


Tina Fey : Sarah Palin fait campagne au Saturday Night Live

"I believe than diplomacy should be the cornerstone of any foreign policy! "
"And I can see Russia from my house! "

" I believe global warming is caused by men! "
"I believe it's just God hugging us closer! "

"What's the difference between a hockey mom and a pitbull ?"
"Lipstick."

Ces répliques sont celles du "Non partisan message from Gov. Sarah Palin and Sen. Hillary Clinton", un grand moment de la campagne présidentielle américaine, dans le Saturday Night Live d'NBC, le 14 septembre dernier.

La performance de Tina Fey, sosie de Sarah Palin bourré de tics et de formules pitoyables, a rencontré un succès mérité. Tout comme la rencontre postérieure entre l'actrice-animatrice et la colistière de John Mc Cain sur le même plateau.

Je vous laisse déguster ce grand moment de satire télévisuelle, dans sa version intégrale, à partir du site de NBC (après une petite pub) :



Thierry Follain

19 octobre 2008

Archange Arcan

Ecrivains du Québec, Nelly Arcan, Bibliographie, 2001 : Putain, 2004 : Folle, 2007 : L'enfant dans le miroir, 2007 : À ciel ouvert, 2009 : Paradis clef en main, Arcan, Editions du Seuil, Blog with a View, blog-with-a-view.blogspot.comLire "Putain" de Nelly Arcan, c'est se laisser aspirer par une pensée affolée, convulsée, frénétique, plongée dans une réalité personnelle et sociale implacable. Le discours de la "Putain" est celui de la lutte contre le vide, le sien, celui de sa vie enfantée par des parents mortifères, celui de la femme contemporaine omnubilée par la référence permanente aux "schtroumpfettes" "de quinze ans et leur perfection de bouche entrouverte, ... leur royaume de postures affolantes" qui hantent magazines, affiches, petit et grand écran, univers de référence à l'éternelle jeunesse, sans aucune issue. Qui devient peu à peu lieu de pensée. Cette vacuité effrayante, cette quête et cette faim de séduction, de consommation de dévoration, que rien ni personne ne saurait satisfaire, nous emporte dans un tourbillon dévalant chaque page, nous attire et nous révulse, sans rémission. Archange sombre et lumineux des temps présents, Arcan a écrit un grand livre sur notre rapport égaré à l'être et à l'image, achevant de nous clouer au pilori du non-sens actuel par une cadence narrative rythmique, évangélique. Apocalyptique ?

Thierry Follain

Nelly Arcan : Putain - Points Seuil

D'1 clic, ma chronique sur "Putain", sur fnac.com



Nelly Arcan : "Là où je voulais rester seule"

" Quand j'étais petite, j'étais la plus belle et on m'appelait les yeux bleus, voilà les yeux bleus qui arrivent, voilà les yeux bleus qui pleurent, j'étais un beau rêve qui rend nostalgique toute la journée jusqu'à la nuit suivante, et toute la journée on repense au rêve en se disant qu'il aurait mieux valu y rester... Quand j'étais petite, j'étais la plus belle, je l'étais sans doute comme toutes les petites filles le sont, chacune à faire voler sa robe sous l'action de la corde à danser, j'étais parfaite dans l'ignorance de ce qui m'attendait, oui, c'est à l'adolescence que ça s'est gâté, enfin, il me semble, et à l'école secondaire mes copines étaient plus jolies que moi, les unes comme les autres, elles n'ont jamais rien su de ma haine de les voir ainsi plus jolies car je me suis toujours révoltée en silence, dans le confort de mes fantasmes ... et si mes copines m'avaient été fidèles je n'aurais jamais souhaité leur perte, si elles m'avaient adorée au point de laisser tomber tout le reste, si elles m'avaient suivie comme les apôtres ont suivi Jésus-Christ, les filets de pêche à la dérive, le cœur plein de reconnaissance d'avoir été choisies, j'aurais peut-être fait un effort pour devenir comme elles, charnelles et bouclées, je me serais rangée de leur côté, mais ma maigreur les aidait à sourire, à pencher la tête vers l'arrière pour mettre leur poitrine en valeur, et si la plupart d'entre elles n'avaient rien à faire de ma beauté de déportée, d'autres auront tout de même subi mon influence, elles auront voulu perdre du poids car les petites fesses ne sont-elles pas plus jolies, plus féminines, ne pouvaient-elles pas se priver de chocolat pendant plus de deux jours, et lorsque ces quelques-unes ont commencé à maigrir, j'ai su que j'étais perdue, qu'elles allaient me perdre, j'ai su que je devais partir pour la ville car elles allaient me rejoindre là où je voulais rester seule. "

Extrait de "Putain", de Nelly Arcan - Points, Seuil


Téléchargez ce texte, en pdf


Photo : Andreas Hering


14 octobre 2008

" Where is this hole I hear about ? "

Arkadi Renko, Martin Cruz-Smith's favorite character, is confronted, novel after novel, to different kinds of attractive, dangerous or vibrant women. Even if none of them could compare to his true and late lover, Irina. In "Stalin's ghost", Arkadi has to fight Tanya, a highly good-looking, multi-talented blonde : harpist, pole-dancer, and killer, possibly . Extract : Arkadi meets Tanya again, in an exotic bar in Kver, a russian walla-walla, long after she tried to kill him with a steel wire and after he was shot in the head by a disturbed man. A dangerous life he's got, Arkadi.

" Tanya and a peppy little dancer were up next. The first time he had seen Tanya she was in a white evening gown strumming the harp at the Metropol. In little more than the flesh she was even more in control, with a cool smile and long strides that prompted rhytmic clapping at ringside...

Tanya was sex-wrapped around a pole, with a slow head-down slither that seemed to swallow brass. The other dancer swung around her pole like a dynamo, which seemed quaintly Soviet.
"Tanya had classical training for the ballet, but she grew too big for the men to catch." Urman turned to Arkady. "Well, you've wrestled her, you know." Pacheco's ears perked up. "Wrestled? That sounds interesting." "We had a special moment," Arkady said...

Tany slid off the runway, ignored her ringside regulars and climbered onto Arkadi's lap, where she breathed heavily and stamped him with sweat and powder. She kissed him af is they were lovers reunited and when he tried to ease her off she clung to his neck.
"Where is this hole I hear about ? Is it the size of a bottle cap ?" She pressed herself against his face while she felt his scalp. All that remainded of his operation were drain scars, but she found them. If Arkady had humiliated her, she would humiliate him. "

Martin Cruz-Smith : "Stalin's ghost" - Pan Books -
ISBN 978-0-330-44857-4

Photo : Keith Hartwell


10 octobre 2008

Chicken view


Are we all chickens ?..


3 octobre 2008

The hollow woman - La femme creuse

Dans son roman "Wolves eat dogs" (Chiens et Loups), Martin Cruz-Smith met en scène Eva Kazan, médecin dans la Zone d'exclusion de la centrale de Tchernobyl. Autrefois, pour son plus grand malheur, enfant présente à la grande parade du 1er mai 1986 à Kiev, 5 jours après l'explosion de la centrale. Une évocation des nombreux habitants d'Ukraine et surtout de Biélorussie contaminés pour des générations, dans l'indifférence de la communauté internationale, européenne, notamment.

Eva said, "Every once in a while I remember this thirteen-year-old girl parading on May Day with her idiotic smile. She's moved out of the village to Kiev to live with her aunt and uncle so she can go to a special school for dance;their standards are rigid, but she's been measured and weighed and has the right build. She has been selected to hold a banner that says, 'Marching into the Radiant Future!' She is so pleased the day is warm enough not to wear a coat. The young body is a wonder of growth, the division of cells produces virtually a new person. And on this day she will be a new person, because a haze comes over the sun, a breeze from Chornobyl. And so ends her days of dancing and begins her acquaintanceship with Soviets surgery." She touched the scar. "First the thyroid and then the tumors. That's how you know a true citizen of the Zone. We fuck without worries. I'm a hollow woman; you can beat me like a drum. Still, once in a while, I remember this fatuous girl and am so ashamed oh her stupidity that if I could go back in time with a gun, I would shoot her myself. When this feeling overcomes me, I go to the nearest hole or black house and hide. There are enough black houses that is never a problem. Otherwise, I have nothing to fear...

Eva dit : "Je me souviens parfois de cette fille de treize ans qui parade le 1er mai avec un sourire béat. Elle a quitté son village, rejoint son oncle et sa tante à Kiev pour suivre les cours de l'écoles de danse; leurs critères sont rigides, mais elle a été pesée, mesurée et elle a la bonne carrure. On l'a choisie pour porter la bannière "Marchons vers un futur radieux! ". La journée est assez douce pour se passer de veste, et elle en est heureuse. Son jeune corps est une merveille de croissance, la division des cellules y élabore un être nouveau. Et, de fait, ce jour-là, elle va devenir une autre, car une brume voile le ciel, portée par la brise en provenance de Tchernobyl. Ainsi s'achèvent ses jours de danseuse et commence sa longue relation avec la chirurgie soviétique." Elle toucha sa cicatrice. "D'abord la thyroîde, puis les tumeurs. C'est à celà que tu reconnais les véritables citoyens de la Zone. Nous baisons sans soucis. Je suis une femme creuse; tu pourrais me battre comme un tambour. De temps à autre, je me souviens de cette fille futile... j'ai tellement honte de sa stupidité; si je pouvais revenir dans le passé avec un révolver, je la tuerais sans hésiter. Quand ce sentiment me suffoque, je vais me cacher dans un trou ou la maison condamnée la plus proche. Il y a tant de maisons contaminées... j'ai le choix. Autrement, je ne redoute rien ...

traduit par l'auteur de ce blog

Martin Cruz-Smith - Wolves eat dogs (Pan Books) - Chiens et loups (Robert Laffont)