30 août 2007

Kim Basinger, elle provoque l'affection

Kim Basinger est née la même année que moi.

Kim Basinger est l'une des deux James Bond girls de "Never say never again" (1983).

Kim y est saisissante par sa beauté, qui naît de sa plastique, mais aussi de cette incertitude d'elle-même, de cette vulnérabilité inscrite sur son visage.


Le corps de Kim Basinger, à l'issue de la vingtaine, est un corps des années 70. Aux formes fluides, minces, déliées. A la poitrine relativement modeste.

Le corps de Kim contraste de façon saisissante avec celui des bimbos des années 2000, à fort taux de silicone et au développement mammaire affirmé.

Le corps, le visage de Kim provoquent l'affection autant que la charnelle stimulation.

Vingt ans plus tard, Kim Basinger joue aux côtés d'Eminem, dans l'excellent "8 Miles", de Curtis Hanson.

La sexy star de "9 semaines et demi" se coule dans le rôle de Stephanie Smith (sic), mère d'origine modeste, loseuse, coincée avec ses mômes dans une sorte de mobilhome.

La fragilité de Kim lui permet d'habiter ce personnage de femme touchante, aux abois.

Tout comme Eminem, Kim se dépouille ici de son statut de star pour habiter ce personnage féminin bellement désemparé.

Kim Basinger incarne un mélange rare de sensualité, de sexualité et de fragilité.
Et en plus, elle est née la même année que moi.


29 août 2007

"Wedding T-shirts" : le retour de "Madame"

Le "Ms" féministe, égalitaire, serait-il en péril ? Les "T-shirts de mariage" porteurs du "Mrs" (Madame) sont en vogue aux Etats-Unis. Ce qui provoque la fureur et la consternation de la chroniqueuse politique Maureen Dowd.

Employer le neutre "Ms" évite de recourir à "Miss" (Mademoiselle) ou Mrs (Madame), qui situent socialement la femme par rapport à sa situation matrimoniale, et donc, sa relation à un homme. Cette revendication des féministes des seventies est devenue la norme , officialisée par "The New York Times" en 1986. Logique, dans un univers anglo-saxon, plus soucieux que nous du "politiquement correct". D'où la consternation de Maureen Dowd. Déplorant la perte des valeurs féministes et le retour aux pratiques classiques de séduction et de quête d'un riche mariage, la chroniqueuse épingle, entre autres, la vogue des "wedding t-shirts" sur lesquels l'épousée proclame son rattachement, sa conversion au patronyme (voire au patrimoine) de son époux.

Nul doute que Maureen serait révulsée par la version "wifey" ("P'tite femme", "Bobonne") des susdits-t-shirt (encore plus compromettante, à mon avis).

Cette tendance se manifeste jusque dans l'intimité du couple, avec ou sans dessous dessus. C'est pour rire, bien sûr. Quand même...

Les temps sont durs pour les Américaines dans la quarantaine-cinquantaine qui voient leurs filles et petites-filles se détourner peu à peu du personnage de la femme qui assure sur tous les fronts, paye sa part au restaurant, déteste qu'on lui ouvre les portes, etc.

Reste à sonder les hommes à ce sujet...


Lire l'article de Maureen Dowd (New York Times, 30 oct. 2005)...


Envie d'un "Mrs T-shirt" ? Allez sur Shopforweddings.com...


24 août 2007

PJ Harvey on fire

"Lick my legs, I'm on fire" "Lick my legs of desire". Peu de femmes peuvent chanter de telles paroles sans sombrer dans la bimbo-isation totale. PJ Harvey, elle, elle sait faire.

Rockeuse à la Gretsch saturée, improbable sexy girl à l'artifice affirmé, song-writeuse talentueuse et audacieuse, chanteuse à la voix grave capable de monter dans le suraigu,... Polly Jean Harvey incarne une génération qui prend en main le rock, art macho par excellence, pour créer un monde d'impressions, de proclamations et de sensations féminin très éloigné des conventions.

Dès son premier album, "Dry" (1992), (période blouson de cuir et Doc Martens), PJ impose un style 100% personnel, de courts morceaux qui claquent, guitare ravageuse et batterie à la frappe sèche mêlées, sur des thèmes d'un érotisme post-adolescent brut de décoffrage ("dry"), sans concession romantique ni porno. Depuis, elle a abordé des univers plus apaisés (quoique...), notamment avec l'album "Stories from the city, stories from the sea" (2000). Dans "Is this desire ?" (1998) elle explore, sur des basses saturées ou des mélodies élaborées, les tréfonds ambigus, glauques ou apaisés de la relation entre deux êtres, avec de multiples variations. Issu de l'album éponyme, "Rid of me" (1993), que vous pouvez déguster ci-dessus, entraîne l'auditeur dans une séquence plutôt torride. Il demeure un passage obligé des concerts de Ms. Harvey.

A écouter aussi : L'album "4-Tracks Demos" (1993). Comme son nom l'indique, il regroupe des démos de PJ réalisées dans son studio personnel (album "Rid of me" et annexes). On sent que la création des morceaux part des pulsations saccadées de la Gretsch, sur lequelles sont posés les éléments rythmiques et les soudaines éruptions vocales caractéristiques de la rockeuse... Un "making of" chargé d'intensité.


Le site de PJ Harvey…


22 août 2007

"Woodstock", le film d'une époque

A événement-fleuve, à fleuve humain, film-fleuve : "Woodstock", sorti en 1970, un an après le festival, complété par le "director's cut", en 1994. Plus qu'un film "de concert", un témoignage multiple, objectif sur l'ultime vague d'espérance des années 60. Un moment historique, musical et social capté avec talent.


Revoir "Woodstock", c'est être étonné, captivé par la modernité du tournage et du montage, la qualité de l'image, dans les conditions les plus difficiles... Au-delà, réussite évidente de cette multi-narration, multi-mise en scène jouant avec dextérité de l'écran multiple, d'une mise en images subtile de la rythmique (un certain Martin Scorcese a participé au montage).

Woodstock, c'est l'Histoire qui un instant déferle. L'émergence, la submergence de la jeunesse américaine des années 60. "We come over". "Nous prenons le pouvoir", clame une jeune fille. Illusion et réalité. C'est ça Woodstock. Une migration joyeuse, génarationnelle, bien au-delà du "flower power", ou du "summer of love" (qui fleurent bon le marketing).

C'est un peu idiot à dire, mais ces 400 000, 500 000 personnes sont vraiment... jeunes. Une jeunesse d'une autre époque, guidée par des idéaux confus, non matérialistes (à Woodstock, ça valait mieux !), portée par une croyance dans l'innocence, la spontanéité des relations , une possible société égalitaire, la révélation du corps. Ca s'appelle une utopie (sauf que là, c'est précisément en un lieu). Elle a drainé vers un champ progressivement détrempé par la pluie pas loin d'un million de garçons et de filles, si on compte celles et ceux qui n'ont jamais pu approcher. Cette foule nomade, juvénile, a transcendé un supposé bon plan du show-bizz en un manifeste vivant, éphémère.


La force de "Woodstock", le film réside dans son objectivité. L'équipe de Wadleigh (5 cameramen au générique), semble être partout Ils captent la scène (non, je ne l'ai pas oubliée), les performances plus ou moins intenses, le "backstage" rustique, l'immensité du public (quasi impossible à filmer), et de multiples échos visuels, sonores, qui tous contribuent à la fluidité de ce long témoignage.

La musique, alors... les groupes, omniprésents, de jour, de nuit. Même les moins brillants semblent transformés, portés par cet événement impossible qui se crée sous leurs yeux. Woodstock les dépasse, Woodstock les amène à se surpasser. Qui retenir ? Santana (pourtant pas ma tasse de thé), avec en particulier la performance du batteur Michael Shrieve, Jefferson Airplane (surtout : Grace Slick), porte-parole du psychédélisme West Coast, le "Going home" de Ten Years after, et, bien sûr Jimi Hendrix, qui clôt avec "The Star spangled banner" les "3 jours de musique, d'amour et de paix", à l'aube du lundi 18 août, devant environ 50 000 personnes. Bien vu que ce soit lui qui clôture, tellement sa musique torturée, distordue, et pourtant à base de ce bon vieux blues, a des foulées d'avance sur les groupes de Blues-rock, Pop-Rock, Néo-country ou Folk qui l'ont précédé. Une exception amusante : "Fly and the Family Stone", apparition black incongrue. Glitter, pas de danse souples et sautillants, choriste élégante à perruque, c'est un autre monde qui s'empare avec fougue de la scène, s'incruste dans la révolution pacifique... et blanche.

Spectateurs du film, nous bénéficions d'une image et d'un son parfaits, voire plus-que-parfait. Je doute que c'ait été le cas de la majorité du public (je ne parle même pas de "voir" les musiciens !). Pas mal de scènes se situent en marge du "festival". L'un des thèmes esquissé est celui de la nudité, de la possible débauche ( peu favorisées par les conditions atmosphériques). L'un des "civils" interrogés s'indigne : "Des gamines de 15 ans qui campent dans les champs !". Et qui sortent nues des tentes, qui se baignent nues dans un étang, avec des garçons en plus. Mais c'est la nudité des années 60-70, avant que des modèles plus ou moins irréels soient imposés par la déferlante médiatique et numérique. "Hippie chicks" ou pas, les filles de Woodstock découvrent la liberté. Elles sont parées avant tout de leur jeunesse (celle qui figure plus haut, en noir & blanc, me semble un brin sophistiquée pour l'occasion).

Le pacifisme, la patience des 450 000 jeunes rassemblés là, nulle part, sous la pluie sporadique, disposant d'aucune commodité et de peu de ravitaillement, 3 jours durant, ont frappé les contemporains, qui s'attendaient à bien pire. Rappelons qu'au-delà de l'enceinte de Woodstock, les années 60 sont peu "peace and love" en Amérique, qu'elles se déroulent sur fond de guerre froide, de Guerre du Vietnam, de contestation "blanche" ou "noire" parfois violente, et de répression assez impitoyable.

"L'esprit de Woodstock" s'est créé de lui-même, par aggrégation d'espérances, d'un bout à l'autre du pays. Il a existé. Fugace, sans doute, irradiant les années à venir, avant de s'effacer. Marquant les mémoires, sans changer l'Histoire.

Il en reste un film qui, dans sa conception, comme sa réalisation, n'a pas pris une ride. Ce qu'on ne saurait dire de l'ensemble de la production des années 70...

Thierry Follain


Photos : Consigliere



Woodstock : la fulgurance de Janis Joplin


La performance de Janis Joplin à Woodstock ne figurait pas dans la version originale du film. Elle fut incluse dans l'édition du 25ème anniversaire, celle du "director's cut", en 1994. Et c'est heureux, car Janis s'y donne avec cette force, ce déchirement qui étaient les siens sur scène.

Un morceau orchestral de l'album "Pearl" est titré "Buried alive in the blues". Consumée semble être la bonne expression. Lorsque Janis monte sur la scène de Woodstock, dans la nuit du samedi 16 au dimanche 17 août 1969, il lui reste un an à vivre.



Le site officiel sur Janis Joplin…

20 août 2007

Rachel Roberts : S1m0ne, la femme virtuelle

"Sim0ne" (2002), narre la création d'un créature de rêve 100% virtuelle (suite informatique de "0" et de "1") par Al Pacino, metteur en scène aux abois. Le réalisateur Andrew Niccol ne fait que pousser à son extrême limite la logique lissante et normative de l'image féminine contemporaine.


L'une des scènes de "S1m0ne" symbolise un rêve de contrôle gestuel et esthétique : la femme virtuelle s'anime par un process de soumission mimétique.


L'actrice Rachel Roberts prête sa silhouette, sa voix, ses traits à la créature numérique. Les apparitions de S1m0ne, et les photos associées sont caractérisées par ce côté lisse, inhumain qui caractérise l'iconographie féminine actuelle.


Dans le sillage des multiples images redessinées de la publicité et de la mode, de la forme du visage à la longueur du cou, du corps et des jambes se créent des modèles inaccessibles aux filles et femmes du réel, ainsi qu'au commun des hommes.


Intéressant : lorsqu'un photographe met en scène Rachel Roberts dans des clichés à fort potentiel érotique, l'incontournable retouche se fait discrète. Quelques marques de la vie et du temps sont tolérées... De légères poches sous les yeux, un pli du cou, du ventre... Le grain de la peau apparaît. Dans le contexte normatif actuel, l'émission d'un dense filet de fumée parachève la transgression.


L'érotisme, la sensation sont donc associés à la reconnaissance du corps qui bouge, qui vit, qui porte les traces de son humanité, de son histoire personnelle, sensuelle, de sa faillibilité face au temps, à l'inatteignible perfection.


Ce qui est finalement rassurant.


Arthur Grace : la chair est-elle faible ?

Les lieux où les femmes se révèlent sont souvent hantés par les photographes (rien de mal à cela). Mais, avec Arthur Grace, les plaisirs de la chair prennent l'allure d'improbables promesses plus que d'irrésistibles attraits.

Un concours de beauté pour Miss Varsovie...

des stripteaseuses en attente de show à Ténériffe...

ou des danseuses à un mariage chic...

prennent une signification quelque peu tristounette, décalée, qui s'éloigne des conventions de la fête, de l'appel du corps et de son apparence.


Un regard plus tourné vers les coulisses que vers la scène...


Le site d'Arthur…


11 août 2007

Ungerer : France-Allemagne au corps à corps



L'entente cordiale France-Allemagne,
vue par Tomi Ungerer,
dessinateur assez déjanté.

Walkyrie au corps rebonci
contre République
au corps allongé,
aux libertines bottines.

Ungerer étant alsacien,
sa position fantasmatique
se situe objectivement
entre les ventres accolés
des deux voluptueuses
nations.

Le site de Tomi…

Traqués de Grozny à Amiens

La femme de la semaine s'appelle Natalia Abouava, 29 ans. "Russe", en fait Tchétchène, elle s'était réfugiée à Amiens, France, avec son compagnon, Andreï, et son fils Ivan. Ivan est dans le coma, après une chute de 4 étages survenue alors qu'il suivait son père de balcon en balcon pour échapper aux policiers venus les expulser.


Séquence 1 : 9 août 2007 : la police française vient expulser Natalia Aboneva, tchétchène, Andreï Dembski, son compagnon ukrainien, et leur fils Ivan, 12 ans. Le père tente de s'échapper par les balcons. Son fils le suit, chute de 4 étages. Sombre dans le coma.


Séquence 2 : 1995 : Natalia met Ivan au monde, à Grozny, en pleine guerre russo-tchétchène qui réduit la ville en ruines.

Séquence 3 : images vues. La maternité de Grozny, démunie de tout, maintenue en activité par des infirmières et sages-femmes courageuses. Une jeune femme vient d'accoucher. Venir était une hasardeuse expédition. Traiter une éventuelle complication : une objective impossibilité. Le jeune père se présente devant la maternité. Rien qu'en agissant ainsi, il prend un sérieux risque pour lui-même. On lui annonce que l'enfant va bien. Mais il n'est pas content : c'est une fille. Il voulait un garçon, qui poursuivrait un jour la lutte contre l'occupant russe et ses collaborateurs.L'homme s'éloigne, dépité. Pas une parole pour sa femme. Elle pleure.

Séquence 4 : 2004 : Natalia, Andreï et Ivan fuient Grozny, les rafles arbitraires, les troupes russes et milices pro-russes, la "normalisation" sous le régime de Ramsan Kadyrov.

Séquence 5 : images vues. Hiver, neige. Une famille tchétchène, père, mère, deux petits enfants a été interceptée en forêt par les garde-frontières ukrainiens(difficile de s'échapper avec des mômes). Ils attendent, désespérés, en compagnie de soldats sympathiques mais qui ont des consignes à suivre. Le verdict de la juge tombe dans l'après-midi : expulsion, retour à la police russe, puis à la Tchétchénie ravagée. Ils avaient vendu leur maison pour pouvoir rejoindre la Pologne, et donc l'Union Européenne.

Séquence 6 : samedi 11 août 2007 : l'état de l'enfant s'améliore. Il faudra cependant des semaines, voire des mois pour se prononcer sur les conséquences cérébrales de sa chute.L'Etat français accorde un titre de séjour provisoire de 6 mois aux parents, "à titre humanitaire".

Affichage final : Comment la République française peut-elle expulser des gens en 2007 vers la Tchétchénie ?

Voix off ad libitum : "Comment la République française peut-elle expulser des gens en 2007 vers la Tchétchénie ?"

"Comment ?.."



Cold case

For you,
I know


for you,
I am just a

cold case.

A cold case.

Cold as "I"ce.


Photo : "You can't break me Mary Liz"




10 août 2007

"Raja", les illusions perdues de Doillon

"Raja" de Doillon (2003), c'est la rencontre impossible entre des univers étrangers... Un homme qui aborde la cinquantaine, une jeune femme de 19 ans, un Français une Marocaine, un possédant désabusé, une fille du peuple malmenée par la vie, un néo-colon, une colonisée qui vit une liberté amère dans son pays. Un film sans esbroufe, d'une richesse surprenante.

Français confortablement exilé dans sa résidence de Marrakech, Fred ne fait rien de ses journées, et n'en attend pas grand-chose. Ses contacts les plus proches semblent être son régisseur, et surtout les deux femmes d'âge mûr qui prennent soin de sa maison et de lui. Dans ce désert des Tartares marocains, son attention est attirée par Raja, jeune femme entrée à son service.


Ce n'est pas vraiment une histoire du désir, plutôt celle de l'indécision, du renoncement. Si l'homme est le classique néo-quinquagénaire désabusé, Raja, elle, a un rude parcours derrière elle : orpheline, prostituée plus qu'occasionnelle, "fiancée" à un homme de son âge, chômeur chronique qui ferme les yeux sur ses passes et ses galères

D'entrée de jeu, le rapport est faussé, entre colon/colonisée, Occidental aisé et fille du Maghreb démunie qui rêve d'un mariage improbable et salvateur. Improbable avec Fred, personnage 100% masculin qui s'ausculte et s'écoute parler en permanence, exprimant ses sentiments, ses amertumes en français, à une jeune Arabe qui ne comprend rien.

Raja, c'est un beau personnage féminin, qui n'est idéalisé ni moralement ni physiquement. Elle se bat au jour le jour, sans savoir très bien qui elle est et peut devenir... Quand elle doit affronter physiquement Fred, dont les revirements permanents rendraient n'importe qui dingue, on comprend que "lutter" n'est pas pour elle un vain mot. Durant tout le film, l'un et l'autre s'épuisent dans un parcours en spirale qui les ramène toujours au triste point de départ. Pour Fred, c'est un tourment existentiel, pour Raja, une question de survie.La différence fondamentale est là.

La direction d'acteur, la justesse et la générosité de l'interprétation de Pascal Gregorry et de Najat Benssallem sont confondantes. C'est un vrai bonheur de réalisateur... et d'acteurs.


9 août 2007

Mika enflamme Paris Hilton

Séquence émotion, jeudi 26 juin, dans le "Morning Joe" de la chaîne américaine MSNBC : la présentatrice Mika Brzezinski lutte vaillamment, 3 longues minutes durant, contre le compte-rendu de la sortie de prison de Paris Hilton. Briquet, déchiquetage et broyeur : tous les moyens sont bons.

Il est au moins une chaîne américaine qui n'a pas célébré la sortie de tôle de Paris Hilton, après un séjour symbolique pour conduite en état d'ivresse. Sur MSNBC, Mira Brzezinski a résisté à toutes les pressions de ses deux acolytes pour célébrer l'événement. 3 minutes durant, et c'est long, très long pour la télé, elle a repoussé le papier, demandé de changer de sujet sur le prompteur, tenté d'enflammer les feuilles (qui semblaient se reproduire à l'infini), les a déchirées, chiffonnées, avant de les passer en direct au broyeur !

Phrase-clé : "Allright, to the news now !"


La pauvre Paris n'a pu apparaître que quelques secondes à l'écran, accompagnée du commentaire attendri d'un des présentateurs et du visage de glace de Mika.


Un grand show en soi, qui éclipsait celui de l'héritière repentie...


En direct, le combat de Mika

6 août 2007

Chapeau melon et bottes de cuir : Rigg & MacNee and roaring sixties

Chapeau melon et bottes de cuir - The Avengers - Diana Rigg, Patrick Macnee, Honor Blackman, Linda Thorson - Blog with a View - blog-with-a-view.blogspot.comLorsque Diana Rigg rejoint Patrick MacNee en 1965, elle a 26 ans et ne connaît rien de "The Avengers". Alliance de sophistication, de sensualité british froide, d'humour et d'action, c'est le personnage féminin le plus emblématique de la série. Avec elle, "Chapeau melon et bottes de cuir" passe en overdrive.

Chapeau melon et bottes de cuir - The Avengers - Diana Rigg, Patrick Macnee, Honor Blackman, Linda Thorson - Blog with a View - blog-with-a-view.blogspot.comLe personnage de "Mme Peel", Emma Peel, irrigue l'âge d'or de la série, de 1965 à 1967, où l'esprit chic et choc des sixties peuple chacun des épisodes, qui évoluent dans des univers épurés, entre fantastique et science-fiction, humour anglais, surréalisme en prime. La voie a été timidement ouverte, lors des deux saisons précédentes, par Honor Blackman, alias "Cathy Gale" (tout comme Diane Rigg, elle a été "James Bond girl").

Chapeau melon et bottes de cuir - The Avengers - Diana Rigg, Patrick Macnee, Honor Blackman, Linda Thorson - Blog with a View - blog-with-a-view.blogspot.comLe "Chapeau melon et bottes de cuir" de cette époque ne respecte absolument rien, et surtout pas les séries américaines, telles "Mission impossible", qu'il pastiche allègrement. Les épisodes sont hantés par savants fous, haute société pervertie, villageois glauques, espions machiavéliques, plantes "aliens' carnivores, héros réduits à la taille de poupées, automates tueurs, et autres ennemis invisibles... Dans un contexte visuel tout à la fois impressionniste et épuré, le chapeau melon et les costumes "Saville Row" de Steed trouvent leur répondant dans les tenues osées d'Emma, souvent créées par le couturier John Bates... sans oublier les incontournables bottes. La complicité manifeste entre les deux acteurs fait le reste.

Phrase-culte : "Mrs Peel, we are needed."

Chapeau melon et bottes de cuir - The Avengers - Diana Rigg, Patrick Macnee, Honor Blackman, Linda Thorson - Blog with a View - blog-with-a-view.blogspot.com"The Avengers" est né de la rencontre rare entre expérimentation narrative et graphique, humour, action et grand public. Pas sûr que ses épisodes seraient programmés de nos jours en "prime time" sur les châines hertziennes de notre beau pays...

The Avengers : site français de référence


Emma peel, Queen of Sins

"Où l'on voit Steed rejoindre le Club de l'Enfer et Emma devenir la Reine des péchés" : tel est le sous-titre de l'épisode "A touch of brimstone" ("Le club de l'enfer") (1966). Un épisode légendaire de la série, Mme Peel revêtant un minimal costume de dominatrice pour affronter des méchants encore plus déjantés que d'habitude.

Corset ajusté, collier à pointes, bottes lacées, dessous échancrés, fouet et serpent... tout est fait pour surérotiser un personnage au potentiel sensuel déjà confirmé : "Peel" pour "peau", "Emma Peel" pour "Man appeal" (séduction de l'homme).

L'intrigue de "A touch of Brimstone" tourne autour du "Hellfire Club", reconstituant les fastes sulfureux de l'époque du Roi George, siège d'une bande de comploteurs visant ni plus ni moins à renverser, voire à pulvériser dans une explosion le gouvernement de sa Majesté. Alors que Steed devient membre du club, la belle Emma, droguée par les ignobles maîtres des lieux, se coule dans le rôle de la Reine des Péchés, lors d'une nuit d'"orgie".

Un brin osée dans l'univers de la télé familiale des années 60, isn't it ? Mais les Britanniques ont bravement relevé le défi, la scène où la Reine des péchés use de son fouet étant quelque peu censurée (mais pas celle où elle affronte l'infâme Cartney lui aussi armé dun fouet, allez donc comprendre...).

Est-il besoin de préciser que "A touch of brimstone" (une touche de soufre) fut banni des petits écrans américains ?.. En fait, "The Avengers" donna souvent la migraine aux censeurs d'Outre-Atlantique.



Parmi les nombreuses scènes marquantes, l'affrontement final de la dominatrice avec un étrange adversaire, entre clown et acrobate funèbre...

"A touch of brimstone" constitue un sommet dans l'esprit de subversion de "Chapeau melon et bottes de cuir" (à fond dans les années 60, rappelons-le). Scénaristes, acteurs et réalisateurs n'ont pas dû s'ennuyer. Et nous non plus.

"English site : The Avengers forever

3 août 2007

Daniel Edwards : Paris Hilton mise à nu

A 42 ans, le sculpteur new-yorkais Daniel Edwards a derrière lui une solide carrière d'artiste provocateur, sachant jouer d'une ambiguité entre posture morale et posture dénudée de ses "modèles". En 2007, il s'est attaqué à une des plus douteuses icônes américaines, l'"héritière" Paris Hilton, connue pour ses toilettes osées, ses vidéos érotiques et pas grand'chose d'autre...


Avec "Paris Hilton autopsy", Edwards propose une vision post-mortem de la célébrité, supposée être décédée dans un accident d'auto, alors qu'elle conduisait en état d'ivresse. Il exploite ainsi le "scandale" causé par l'arrestation d'Hilton ivre au volant, le procès et les quelques jours d'emprisonnement qui ont suivi. Le tout rapporté par une armada de radios et de chaînes de télé.

Formellement, l'oeuvre d'Edwards apparaît on ne peut plus classique, tout comme le sont les symboles parsemés : la tiare pour le statut de riche "débutante", le chihuahua inconsolable, la flûte de champagne renversée, ou le portable encore tenu par la victime.


Edwards monte d'un cran dans la provocation, le corps de Paris Hilton nue pouvant être ouvert, et divers organes, voire un foetus en être extraits. Ainsi que l'explique David Kesting, directeur de la Galerie "Capla Kesting Fine Art", c'est la vision qu'aurait un "coroner" lors de l'autopsie. Et un supposé avertissement pour les "teenagers" tentés par les soirées arrosées.


D'où un gai vernissage, les invités se livrant avec délice à une approche "gore" de l'oeuvre. Le côté (supposé) bien-pensant de l'opération a été affirmé par une compétition littéraire ouverte aux lycéens, sur le thème de la nécrologie de Paris Hilton.


Comme quoi, on peut être un artiste en vogue sans la moindre innovation plastique...

Site de la Galerie Capla Kesting