28 avril 2007

Ségolène Présidente ?..

Changement de style pour Ségolène Royal au second tour. Exit la Nation, la Star (voir : "Elections 2007 : partis de campagne"). Juste une belle femme souriante, en tailleur blanc. Chaleureuse, proche de vous. En décalage, cette fois, avec l'accroche "La France Présidente". "Ségolène Présidente" aurait peut-être mieux convenu ?..

La Belle et la Bête


Riding high...

27 avril 2007

Camille, port d'attache

Camille, c'est un chanteuse et "songwriteuse" de talent. Elle le prouve avec "Au port", air saccadé sur un rapport entre une amante et son amant quelque peu dominant et ravageant. Au lieu de recourir à l'habituelle touche monotono-narrative de la chanson française, elle file avec talent la métaphore...

Au port

Hé! petite fille tu bois de l'eau et tu es saoule
là où tu te noies tu as beau avoir pied tu coules
au port

Hé! petite folle! c'est pas la brasse c'est le crawl
pour la traversée il t'aurait fallu des épaules
du corps

Mais lui c'est différent, il est né sur l'océan,
c'est un grand capitaine, un amant monument,
tu t'es perdue dedans...

Hé! petite fille! on est jamais deux à partir
y'en a toujours un pour larguer l'autre pour languir
au port

Hé! petite cruche! avec tes pots de confiture
tu partiras en sucette mais pas à l'aventure
au Nord

Mais lui c'est différent, il est né sur le Mont Blanc,
c'est un grand alpiniste, un amant monument,
tu as perdu sa piste...

Hé! petite nonne! suis l'Au-delà si tu le trouves
le ramène pas au cardinal pour qu'il te l'ouvre
encore

Hé! petite larve! je suis toi-même et je te parle
tu es déjà grande alors lève toi sors de ta cale
Au port
ton coeur de petite fille est mort.

Hé! petite fille! à ta droite l'Arc de Triomphe
Hé! petite fille! à ta gauche il y a dieu qui ronfle
Hé! petite fille! devant il y a les pyramides
Hé! petite fille! derrière l' génie de la Bastille.


Camille - Album "Le fil" (2005)

Camille innove... elle interprètera la "Ceremony of carols" de Benjamin Britten, en juin prochain, en l'église Saint-Eustache, à Paris...


Pure manga

Parlez-moi de ligne pure...


21 avril 2007

Liz Fraser, l'envol immobile


Lorsque Cocteau Twins jouait, Liz Fraser était la présence frêle, touchante sur scène. Entourée du solide et impassible Robin Guthrie, de Simon Raymonde et autres acolytes participant au "mur de guitares" lancinant, de tout un univers technologique précis, programmé et neutre, elle se lançait dans d'envoûtantes mélopées ou les mots prenaient valeur de sons, intonations, sensations. Prise dans un écrin tour à tour insinuant, puissant, éthéré, cette petite bonne femme fascinait fans et néophytes par sa constante, discrète et vibrante performance.

Parfois, elle mouvait ses bras repliés en une accentuation répétée. On aurait dit un oiseau fragile, luttant contre la constance du temps, du monde et des mots...

Photo : Philippe Carly

20 avril 2007

Michelle Pfeiffer, joyau des Baker boys

Touché par la grâce, le réalisateur Steve Kloves réalise en 1989 "The fabulous Baker boys", hymne en mineur, film jazzy en demi-teintes, subtilement interprété par Michelle "Susie Diamond" Pfeiffer, les frères Jeff et Beau Bridges. Un petit bonheur d'où jaillit un grand.

Jack et Frank Baker vivent depuis des vingt ans de la musique. Ils sont pianistes de bar, de salon, et jouent soir après soir les scies du répertoire américain. Les engagements se faisant rares, il associent à leur duo Ms Susie Diamond (sic), fille sans complexe, ex-escort girl et chanteuse occasionnelle.

Grâce à Susie, sa présence, sa voix grave et sensible, son visage et sa plastique irréprochables, ils retrouvent le succès dans un palace lointain.

Le trio se désagrège peu à peu, suite à une brève idylle entre le beau et talentueux Jack et Ms Diamond, mais aussi, mais surtout par lassitude freternelle de cette vie toujours moins artistique, toujours plus routinière.

Lorsque Frank s'absente du palace, Susie et Jack se donnent à fond dans le concert du Nouvel An. Scène d'anthologie : Michelle Pfeiffer, en robe de satin rouge, interprète un vibrant "Making whopee", tout en rampant lascivement sur le piano.

Le thème du film, c'est la quête d'un sens dans la musique et dans la vie. Et de fait, "The fabulous Baker boys" (ou "Susie et les Baker boys") repose sur l'accord parfait entre un scénario sans esbroufe, des rapports doucement déchirés entre les êtres, des dialogues nuancés et une interprétation prenante par sa vérité, sa simplicité.

Apte à décliner les plus subtiles nuances d'un rôle, Michelle Pfeiffer irradie paisiblement tout au long du film. La scène finale, improbable rapprochement entre Jack et Susie sur le pas de sa porte, est finement ciselée, portée par "My funny Valentine" chantée par Michelle herself, et c'est quelque chose...

"The fabulous Baker boys", c'est tout simplement un petit bonheur qui en suscite un grand. Autant dire : un bijou rare...


  • D'un clic, le "fan site" des "Fabulous Baker Boys"…


  • 18 avril 2007

    Virginia Tech : triste veillée

    Les étudiants de l'Université de Virginia Tech, à Blacksburg, Virginie, ont organisé des veillées après l'assassinat de 32 de leurs condisciples et professeurs, par un étudiant sud-coréen, Cho Seung-Hui, qui s'est donné la mort.

    Le meurtrier a utilisé deux armes semi-automatiques, en vente libre dans l'Etat de Virginie. En mars dernier, il a pu acheter un Glock-19 et des balles, pour 571 dollars, dans une armurerie locale. Ce massacre relance le débat sur la culture de la violence américaine.

    La NRA (National rifle association), puissant lobby pour le libre port d'armes, a publié un communiqué laconique de son Président Wayne LaPierre sur le site nra.com. Il assure les familles touchées et leurs proches de son soutien et "se réserve de faire tout commentaire jusqu'à ce que l'ensemble des faits soient connus". Profil bas ?..

    Photos : Francine Orr - L.A Times / Win Mc Namee - Getty Images

    16 avril 2007

    La femme au lavabo

    Pour créer une photo glamour, il faut une grande fille. On peut alors faire usage de sa plastique, de son corps, graphiquement, occuper le cadre... Une longue fille, et la moitié du boulot est déjà faite.

    Ici, l'arrondi du dos est peut-être limite, esthétiquement parlant. Par contre, l'évocation d'une fillette issue d'un milieu modeste, faisant sa toilette dans un évier, un tub ou je ne sais quoi est assez présente.
    Le reflet dans la glace nous amène à une tout autre lecture. Cette jeune, longue et pulpeuse créature se trouve en effet dans des toilettes pour hommes.

    Symbole d'une époque qui répudie ou détourne l'innocence ? Goût du contraste, de la provocation facile, surannée ? Reflet allégé d'une tendance glamour/trash ? Qui sait...
    L'innocence est en tout cas présente dans le regard.


    14 avril 2007

    Elections 2007 : Partis de campagne

    La campagne officielle s'affiche. Un exercice démocratique, obligé, dans lequel certain(e)s candidat(e)s font preuve, enfin, d'originalité et de personnalité. Revue en quelques catégories...

    La Mère, la Nation, la Star

    Une affiche tranche complètement sur les autres, celle de Ségolène Royal, je veux dire : "Ségolène". Choix glamour : le noir et blanc, visage de star (années 40 ? 60 ?), de femme mature, maternelle, attirante et rassurante. Ségolène, en fait, n'est pas candidate. Ségolène est "la France", la Nation. Une Marianne parmi nous. L'association des termes : "France", "Présidente", "Royal" constitue un vrai tiercé gagnant. Enfin, sur le principe...

    Les Légitimistes

    Les trois candidats de droite recourent logiquement au fond bleu légitimiste, code confirmé, éprouvé, évoquant le stabilité. Bayrou et Sarkozy glissent un motif de France rurale, en arrière-plan. Ils marchent ainsi sur les traces de "La force tranquille" miterrandienne, qui repiquait elle-même les motifs d'un affiche de Pétain, en la modernisant (quelle imagination, Monsieur Séguéla).

    Question signatures, Bayrou joue le rassemblement des tendances opposées, avec "de toutes nos forces". Sarkozy râtisse large avec "Ensemble, TOUT devient possible". Une proclamation décalée pour un candidat peu identifié comme un rassembleur.

    De Villiers se contente de lui-même. Sa coupe de cheveux, sa vêture, son large sourire évoquent une de ses sources majeures d'inspiration : la Droite chrétienne américaine. Il n'en proclame pas moins "la fierté d'être Français", brandissant un thème patriotique repris par les deux candidats leaders dans les sondages.

    Les Grégaires

    Ils ne sont pas seuls, n'exercent pas solitairement le pouvoir, mais sont porteurs d'un mouvement, portés par une foule. Chez Le Pen, c'est l'image traditionnelle et démagogique du tribun d'extrême-droite, amplifiée par la flamme tricolore. Rien de nouveau sous le soleil électoral depuis les Années 30. En écho aux affichettes militantes "Le Pen, vite. Très vite !", le "Votez Le Pen" constitue un programme à lui tout seul. C'est un prêcheur. Il invite à le rejoindre. S'il est élu, il guérira toutes les blessures du pays.

    Bové, bien sûr, c'est tout autre chose. L'affiche évoque une tranquille rue de petite ville, de village. On y flâne, on y débat, ensemble. L'entourage flouté est multiracial, pris dans un soleil doré, bénéfique. La moustache, la chemise aux manches relevées rappellent qu'il est (ou fut) un paysan.

    Le calme slogan "Un autre avenir est possible" est en accord avec une affiche porteuse d'une promesse, celle d'un futur harmonieux, apaisé. Elle est plus parlante, plus impliquante que celle des Verts.

    Les Labellisées

    Elles jouent les couleurs primaires, vert pomme pour Voynet (of course), rouge chaleureux pour Buffet. Question graphisme, le Parti remporte la compétition haut la main. Les Verts, eux, ont l'air d'avoir bricolé leur affiche dans les années 70... celles de leur émergence. En arrière-plan, la planète. Lointaine, un peu trop lointaine. Plus que la candidate, l'affiche vend une "Révolution écologique", qu'elle n'évoque guère.

    Ces deux femmes ont un problème commun : elles doivent s'affirmer face à des concurrents du même bord, disputer les voix chiches des "antilibéraux". Le logo de Voynet tente donc d'assimiler "L'écologie", concept très galvaudé, aux "Verts".

    Buffet, quant à elle, revendique la représentation de la très diversifiée "gauche populaire et antilibérale". Son accroche évoque la notion de "courage", qui, avec la déploration, semble constituer le socle idéologique subsistant de ce qui fut un parti de masse.

    La Trotskyste

    Chez Lutte Ouvrière, on ne rigole pas avec la Révolution. Le discours, la proclamation, le programme priment sur le visage de la candidate, pourtant en lice depuis les années 70.

    L'affiche symbolise bien la réalité de Lutte Ouvrière : "Arlette" n'est qu'une porte-parole, une interface avec le public, et non la leader d'un mouvement.

    Le Rural

    Frédéric Nihous a un électorat acquis : celui des chasseurs voulant chasser ce qu'ils veulent, quand ils veulent, et où ils veulent (à bas, l'Europe !). Il associe à cela le thème plus large de la ruralité, menacée par le retrait progressif des services publics (et des subventions européennes).

    Il lui suffit donc de jouer sur l'identification de l'électeur avec lui, et de se mettre en situation dans un paysage boisé. Sa jeunesse prouve la pérennité, l'actualité du mouvement. Elément primordial : le logo "CPNT", puissant signe de ralliement identitaire.

    Le Branché

    Au contraire de l'ascétique et asexuée Lutte Ouvrière, la Ligue Communiste Révolutionnaire a toujours été attentive aux tendances, aux courants sociaux.

    Cette perméabilité à l'air du temps est confirmée par l'affiche de Besancenot. Elle est très ludique et graphique, accroche "Nos vies valent plus que leurs profits" et guillemets mahousses inclus. Quant au sigle "LCR", ils faut le chercher ! Besancenot, c'est juste le jeune candidat des Jeunes...

    Le Pas clair

    Encore plus opaque que L.O dans son fonctionnement, le Parti des Travailleurs, troisième mouvement trotskyste, recourt à une gamme de couleurs très "world", "mouvement pour la paix"... avec un slogan anti-européen ! Bénéficiant d'un vieux réseau issu de la 3ème République, Schivardi se réclame "des maires", mêlant légitimités politique et sociétale. Un savant brouillage de cartes, favorisé par la bouille d'élu local du candidat...


    Alors...

    De mon point de vue 100% subjectif, quatre affiches sortent du lot tout en étant signifiantes. Ségolène Royal joue la rupture franche. Elle prend peut-être un risque vis-à-vis d'un électorat non "parisien", non "cultivé", qui pourrait assimiler le noir et blanc au tristounet et au ringard plus qu'à l'élégante intensité. Le Pen, Bové, et, dans une moindre mesure, Nihous présentent des univers très évocateurs pour leurs cibles. Ils créent ainsi une connivence génératrice de voix, loin des exercices conventionnels ou purement graphiques de leurs rivaux.

    Quoi qu'il en soit, rendez-vous le 22 avril...

    PS : Paradoxalement, dans un pays où 80% des habitants résident en milieu urbain, Bové, candidat emblématique des luttes paysano-écolos, est le seul et unique candidat à mettre en scène la ville sur son affiche...


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  • Rutgers University - Don Imus : 1 - 0

    Après 30 ans de bons et déloyaux services, l'animateur de talk shows radiophoniques Don Imus a chuté sur une remarque raciste envers l'équipe de basket-ball de Rutgers University, à prédominance afro-américaine. Il a succombé à une vague d'indignation nationale, appuyée par Hillary Clinton, candidate à la candidature présidentielle.

    C'est fini pour Don Imus. Cause de sa chute : un commentaire fait le 4 avril dernier sur l'équipe gagnante du championnat féminin de basketball, celle de l'Université de Rutgers (New Jersey), à dominante afro-américaine. Epithète en cause : nappy-headed ho's. Grosso-modo : "péripatéticienness à tête crépue" (sic).
    Imus était titulaire depuis plus de 30 ans d'un talk-show sur la station new-yorkaise WFAN-AM, dédiée aux sport, relayé sur 70 stations aux USA et diffusée sur le réseau câblé MSNBC. Politiciens, écrivains et journalistes participaient volontiers à cette émission très populaire auprès d'un public masculin.

    CBS et MSNBC ont viré l'animateur à l'issue d'une vigoureuse campagne menée par des leaders de la communauté noire comme Jesse Jackson ou Al Sharpton, et les mouvements féministes américains.

    La Sénateur Hillary Clinton a abordé cette affaire dans sa newsletter de pré-campagne, sur le thème "Respect for Rutgers", invitant ses sympathisants à exprimer leur soutien aux athlètes insultées. Mauvaise pioche pour certains élus démocrates ayant trouvé en Imus cette perle rare : un animateur de mauvais goût adoré d'un public d'hommes non politisés et non cultivés, qui leur laissait la parole. L'équivalent, à un moindre niveau, des extrêmes-droitistes Rush Limbaugh ou Ed Schultz qui déroulent le tapis rouge devant les politiciens républicains les plus conservateurs.

    La coach de l'équipe de basket, C. Vivian Stringer, a finalement déclaré qu'elles acceptait les excuses d'Imus, même si elles déplorait la culture raciste et sexiste qu'il représente.

    Trop tard pour Don...

    Rutgers cheerleaders : white is beautiful

    Si l'équipe de baskettball de Rutgers University est à dominante afro-américaine, on ne peut en dire autant de celle des cheerleaders locales...

    Le site des "Scarlet Knights", consacré aux athlètes de l'Université, rappelle pourtant l'importance du sport dans le système universitaire et l'intégration sociale aux Etats-Unis.

    12 avril 2007

    A rebrousse-temps...

    Quand, sur un blog, on dit, enfin, on écrit "A bientôt", cela signifie en fait "A bien plus tôt". Le blog est en effet anti-chronologique. Le passé est loin devant, et le futur est immédiat.

    Un peu comme dans "A rebrousse-temps" du déjanté et regretté Philip K.Dick. Le blog nous plonge donc en plein rebours temporel, sans limites et sans fin.

    Déroutant, non ?...

    Tiens, ça me fait penser que Kurt Vonnegut vient de mourir.
    Mais je vous en parlerai plus tard.
    Enfin, plus tôt.

    10 avril 2007

    Le Rouge et le Noir


    Corps en déséquilibre,

    jeté contre le mur couleur sang,
    luisant,
    dialogue entre peau blême
    et ombre, grain de la peinture,
    le rouge de la bouche répond au
    cri du mur,
    univers gothique intense
    dans son déséquilibre...

    5 avril 2007

    Success story : New York Condoms

    En matière de santé publique, comme en d'autres, séduire, c'est convaincre. Lancés le jour de la Saint-Valentin pour enrayer la propagation du sida, les "New York Condoms" ont joué la carte de l'identité culturelle, celle du "subway". Succès total de la campagne : au 15 mars, 5 millions de préservatifs avaient été distribués !

    New York, c'est 8,2 millions d'habitants... dont 100 000 séropositifs ou malades du sida. Engagée dans un programme de distribution de préservatifs gratuits d'1,5 million de dollars, New York City a lancé un package de condoms au look familier, celui du subway, le métro local. Des volontaires en ont distribué des centaines de milliers le jour de la Saint-Valentin (sic).

    Le Cardinal Edward Egan (New York) et l'évêque Nicolas DiMarzion (Brooklyn) ont protesté contre cette action, qui, pensent-ils, "constitue une faille grave au développement moral de notre communauté", et encouragent "une activité sexuelle inappropriée en submergeant nos quartiers de préservatifs".

    Cette campagne bien emballée n'en a pas moins rencontré le succès : 5 millions de NYCondoms avaient été distribués mi-mars (soit deux par New-Yorkais adulte).

    Comme quoi, en matière de prévention sur les pratiques sexuelles, la séduction, la référence communautaire peuvent efficacement relayer les messages d'alerte...


  • D'un clic, le site de NYC condom…


  • 4 avril 2007

    La Belle et la Bête

    C'est connu, la pianiste Hélène Grimaud est aussi une passionnée des loups. De fait, il y a du loup en elle...



    1 avril 2007

    Il cuore vivo

    Mia madre quasi giovinetta, china
    sulla Livenza, raccoglie una primula
    eretta, estranea... I Mori, da Sacile,
    rintoccano nell'aria tutta pura,
    l'ora meridiana... E il fresco peso
    della mia camiciola di fanicullo,
    la nube indefinita nell'azzurro,
    l'odore come un urlo silenzioso,
    dei campi impubi... Tutto mi si avventa
    col volo della rondine nei sensi,
    e qui, snervato sopra l'erba, ancora
    di me resta solo il mio cuore vivo.

    Ma mère si jeune encore, sur les bords de la Livenza
    cueille une primevère
    dressée, étrange... Les Mori de Sacile
    font sonner dans l'air très pur
    l'heure méridienne... Et le poids léger
    de ma chemisette d'enfant,
    le nuage informe dans le ciel bleu,
    l'odeur des champs impubères
    comme un cri silencieux... Tout se précipite sur moi
    comme le vol d'une hirondelle.
    Et là dans l'herbe, inanimé, une fois de plus
    il ne reste de moi qu'un coeur palpitant.

    Pier Paolo Pasolini.


    Je suis vivant (Dal Diario) -- Ed. Nous