17 mars 2007

Don't lay your hands on my mind

En 1970, Andreas Baader crée le groupe terroriste "Rote Armee Fraktion". Appliquant une idéologie maoïste de guérilla urbaine (avec l'appui de l'Allemagne de l'Est), la "Bande à Baader" commet attentats et assassinats politiques. Naissent alors les "Années de plomb" allemandes, durant lesquelles l'Etat, en réplique au terrorisme et à l'émergence d'un puissant courant contestataire dans la jeunesse, met en place un dispositif sécuritaire et répressif sans précédent.

Dès juin 1972, les membres de la 1ère génération de la RAF sont arrêtés. Mais les attentats se poursuivent. Baader et ses lieutenant(e)s sont emprisonnés dans la prison de très haute sécurité de Stammheim, où ils sont soumis à des pratiques d'isolement et de privation sensorielle. Le 8 mai 1976, Ulrike Meinhof est retrouvée pendue dans sa cellule. L'enlèvement par la RAF d'Hans Martin Schleyer, patron des patrons allemands, en septembre 1977, puis le détournement d'un avion de la Lufthansa par un commando palestinien scellent le sort des autres prisonniers. Le 18 octobre, Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Jan-Carl Raspe sont retrouvés "suicidés" par arme à feu dans leurs cellules. Ingrid Schubert "se pend" à son tour en novembre. Entretemps, Schleyer aura été tué en représailles par la RAF. Assassinats terroristes et répression aveugle se poursuivront plus ou moins intensément jusqu'en 1990.

Ces sombres événements sont évoqués par "Marquis de Sade" en 1981 dans le titre "Final fog (brouillard définitif)", sur l'album "Rue de Siam". Chanteur et auteur des textes, Philippe Pascal manie avec talent ellipses et métaphores, une faculté rarement exprimée dans la pop et la chanson françaises… Voix, musique et rythmique impitoyable portent le morceau à son point d'incandescence.


" Sous les morsures aveugles, la lumière agonise
Le jour mis en pièce cicatrise sous les cendres
Des nuits illuminées
Eclaboussées des cris
D'ombres sauvages traquées qui se laissent prendre
Douce uniformité (trait noir sur nos regards)
De formes émoussées
Fondues dans ce brouillard définitif


Don't lay your eyes on my mind
Down in Stammhein
Don't lay your hands on my brain
No place to hide


Les lendemains planifiés, nos souvenirs inutiles
Le temps figé s'est résigné à hurler présent
La musique psychiatrique
Tranxène, neuroleptiques
S'infiltre en toi, guide tes pas, droit devant
Les règles sont fixées (un triangle sur nos rêves)
Le décor est stressé
Déformé dans ce brouillard définitif


Don't lay your eyes on my mind
Down in Stammhein
Don't lay your hands on my brain
And no place to hide
And I hold myself tight
(In the final fog of Stammheim)
It's a nice place to die
To be handed suicide


La guérilla urbaine pour s'extirper des sangles
Accentue la pression, de l'ordre sur nos vies
Ses gestes détournés
A la fin nous étranglent
Implantent la peur dans nos pupilles rétrécies
Nous sommes sous influence (il n'y a pas d'issue)
Des larves sans défense
Rejoins les chiens dans le brouillard définitif


Don't lay your eyes on my mind
KZ methoden
Don't lay your hands on my brain
Stammheim-Belsen
And I hold myself tight
In the final fog of Stammheim
It's a nice place to die
To be handed suicide
Don't lay your eyes on my mind
Down in Stammhein
Don't lay your hands on my brain
No place to hide
Don't lay your eyes on my mind
KZ methoden
Don't lay your hands on my brain
Stammheim-Belsen. "



  • D'un clic, des extraits de l'album "Rue de Siam"…
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