29 mars 2007

Flamme fragile

"Feu Follet", Louis Malle, 1963. Maurice Ronet campe un fils de bonne famille vieillissant, ancien pilier des nuits parisiennes, nuits de bringue, retour à l'hôtel à l'aube, avec une femme ou une autre, séducteur déchu, alcoolique mondain réfugié dans une clinique chic. La fragilité faite homme. Un dernier tour dans un Paris veilli, usé, gris, au sortir de deux ou trois guerres, dont deux lointaines. Ce qui l'animait, cette brillance, cette superficialité, ce tourbillon parisien ne lui procure plus rien. Ultimes rencontres ratées avec un intello rangé, des décadents désoeuvrés,de grands bourgeois, des frères engagés dans l'OAS... Tous s'adressent à lui, personne ne lui parle. Dans une scène sobrement grandiose, faite de multiples faux-départs, l'acteur en mouvement, mains tendues, il explique que ses mains, que son être ne peuvent plus toucher. Rien ne le retient plus. Il s'en va. Définitivement. Un sobre apogée du réalisateur et de l'acteur, qui portent au sublime le roman de Drieu La Rochelle.

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