10 mars 2007

Hendrix, le corps électrique

Pour produire sa musique révulsée et planante, Jimi Hendrix s'engageait corps et âme dans un duel avec amplis, puissance du son et ondes sonores.

" En temps normal, Hendrix réglait ses Marshall au maximum de volume et de tonalité, tous les boutons sur 10, et il ajustait le niveau sonore directement sur sa guitare. Des années d'expérience lui avaient appris à positionner son corps et son instrument par rapport aux coffres de haut-parleur de façon à ce que les feed-backs obtenus modulent le son à sa guise : en tonalité haute et harmonique, basse et basique, ou intermédiaire. Pour des numéros de bruitisme pyrotechnique tels que "Machine gun" à son paroxysme ou l'intro du "Wild Thing" de Monterey, il provoquait une pure explosion de son en cognant sur la guitare, "sélectionnait" la fréquence requise en bougeant en avant et en arrière jusqu'à ce qu'elle émerge de la mêlée, la modifiait en actionnant le vibrato, et 'interrompait" le son ou le faisait "flotter" en s'interposant lui-même entre les micros de sa guitare et les haut-parleurs des amplis. Quand il voulait revenir à une technique conventionnelle, il pouvait le faire en baissant le volume de sa guitare jusqu'à un niveau plus "maniable", et sortir ensuite des sons en feed-back. "

Il y a donc fusion entre l'esprit explosé de l'artiste, sa position dans l'espace, dans le flux sonore, et les vibrations reçues par son public. Dans ses paroxysmes répétés, saturés, réverbérés, les jaillissements électrifiés d'Hendrix sont fondamentalement, essentiellement humains, jaillis du plus profond de l'humain.


Extrait de : "Jimi Hendrix, vie et légende", Charles Shaar Murray (Points Seuil )


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