30 novembre 2007

Fred Chichin dit Adieu à Rita Mitsouko : C'est comme ça...

Les Rita Mitsouko, Fred Chichin, Catherine Ringer - Rita Mitsouko, Andy - Rita Mitsouko, C'est comme ça - Blog with a View - blog-with-a-view.blogspot.comUn soir des années 90, 150 personnes se trémoussent dans l'ex-salle de garde de l'Hôpital Saint-Antoine, en chantant, en hurlant : "C'est comme ça ! C'est comme ça, la la la la la !". Née en 1979, la vague Rita Mitsouko balaie tout sur son passage, une fois de plus.

Les Rita Mitsouko, Fred Chichin, Catherine Ringer - Rita Mitsouko, Andy - Rita Mitsouko, C'est comme ça - Mitsouko, Un p'tit train - Mitsouko, Marcia Baïla - Mitsouko, Les Histoires d'A. - Blog with a View - blog-with-a-view.blogspot.comEn 1984, la bombe "Rita Mitsouko" éclate avec l'album éponyme, porteur de l'intense "Marcia Baïla", dédié à la danseuse argentine Marcia Moretto, décédée d'un cancer.

Les Rita Mitsouko, Fred Chichin, Catherine Ringer - Rita Mitsouko, Andy - Rita Mitsouko, C'est comme ça - Rita Mitsouko, Marcia Baila - Blog with a View - blog-with-a-view.blogspot.com"C'est comme ça" figure sur "The No Comprendo" second album, apogée de l'art du duo, qui inclut aussi "Les histoires d'A.", histoires d'amour qui "finissent mal en général". Il est rare qu'une création 100% ravageuse, originale, émerge de l'univers tiède de la pop-rock française. C'était le cas des Rita Mitsouko, qui débarquaient dans ce monde enfin en éveil, après des vies "alternatives" mouvementées.

Les Rita Mitsouko, Fred Chichin, Catherine Ringer - Rita Mitsouko, Andy - Rita Mitsouko, C'est comme ça - Rita Mitsouko, Le p'tit train - Blog with a View - blog-with-a-view.blogspot.comUn couple unique réunissant Catherine Ringer, chanteuse à voix canon, masquant sa beauté native sous maquillage et vêture kitsch et Fred Chichin, guitariste saccadé, à l'allure mélancolique et décalée. Plus à l'aise dans l'interprétation de sa musique que devant le micro d'un interviewer.

Les Rita Mitsouko, Fred Chichin, Catherine Ringer - Rita Mitsouko, Andy - Rita Mitsouko, C'est comme ça - Rita Mitsouko, Les histoires d'A - Blog with a View - blog-with-a-view.blogspot.comFred Chichin est mort le 28 novembre, emporté à son tour par un cancer foudroyant, à 53 ans.

Il est mort, mais il a vécu.


C'est comme ça.


27 novembre 2007

morgen - 2 - Flow my tears - extrait

Jeune Allemande de très bonne famille, Else voit sa vie brillante, aisée, brisée à 26 ans. Enlevée pour des motifs politiques, elle subit quatre mois de réclusion humiliante, avilissante. Libérée contre rançon, la jeune femme fait la rencontre improbable d'un homme plus âgé, qui lui redonne vie par sa tendresse, sa considération. Confrontée à nouveau à une mort sanglante, Else reconstruit sa vie en une contrée lointaine, forte d'elle-même, de son fils, de l'amour, de toutes les formes d'amour qu'elle porte en elle et suscite. Par touches impressionnistes, "morgen" narre son histoire.


Chapitre 6 - Nocturne (extrait)

Ils avaient amerri dans une chambre à deux lits, nichée dans le dernier carré d’un centre-ville historique, miraculeusement épargné.
Maintenant calme, paisible. Figé. Disneysé.

Tinderbelt rentra dans la chambre, accompagné d’Alberich, qu’il était allé promener. Il jeta un coup d’œil par la fenêtre qui donnait sur une cour silencieuse, avec quelques arbres en pot, des tables, des chaises abritées sous une bâche transparente.

Lorsqu’il se retourna, Else sortait de la salle de bains, de la douche où elle avait passé un sacré bout de temps, lui semblait-il. Elle avança, rêveuse, ses cheveux noirs humides, drapée d’un peignoir blanc. Vint près de lui.
-Tu as vu ? Ca doit être sympa, le petit-déjeuner, en été.
Il approuva.
Mais ce n’était pas l’été, à peine le printemps.

Frémissant, il la regarda droit dans les yeux. C’était ahurissant, l’effet que cette femme lui faisait, l’irrésistible emprise qu’elle exerçait sur lui. Sans dire un mot. Sans faire un geste.

Elle lut tout cela dans son regard.
Désolée de ne pouvoir donner, juste recevoir, elle eut honte, et celle-ci se mêla à toutes les hontes nées de ces jours forcés. Un moment, elle se sentit vide, désemparée, puis il la prit dans ses bras, et elle se laissa aller.
Elle murmura " Pardon ". Peut-être ne comprit-il pas. En tout cas, il ne quémanda aucune explication. Les interrogatoires, les " pourquoi ? ", " quand ? ", " comment ? " appartenaient au passé.

(...)

Thierry Follain

lire la suite, en pdf ...

extrait 1 : "Les paupières à vif"


22 novembre 2007

Boucing ball


Métro parisien, Ligne 1. Un jour de pas grève. Vers 19 h 00. Retour vers l'Est des travailleurs du Tertiaire, dont ceux de La Défense. Faces grises, vêtures sombres, toujours plus sombres de Parisiennes et Parisiens, des habitants de la Ville Lumière et de des périphéries. Mais je m'égare...

Brisant la grisaille, entrent une mère et sa fille dans les douze-treize ans. Pantalon, pull léger et blouson, cascadantes boucles brunes, la gamine porte une grosse boucing-ball rouge vif, qui, avec ses poignées en forme de pis, évoque une Holstein coachée par un soigneur du Tour de France.

La jeune fille passe rapidement la balle à sa mère, fonce sur la place libre en face de moi, s'asseoit, et, sérieuse, pensive, part dans son monde personnel. De temps à autre, elle jette un regard à sa maman, restée debout, la grosse balle rouge dans les mains. Passe entre elle une entente, une complicité qui fait plaisir à voir.

La maman est jeune, dans la mid-trentaine, grande, mince, séduisante en toute simplicité. Vêtue de noir, elle aussi, mais sur elle, ça passe.

Il me plaît bien, ce couple mère-fille. Il me fait du bien, dans l'ambiance tristounette du métro aux Blêmes. La mère est vaguement gênée par sa position décalée, brune adulte porteuse d'une boucing ball écarlate. Quand sa fille tourne la tête vers elle, elle lui lance une gentille mimique du genre "Tu exagères". Sans conviction. Et la gamine sourit.

Cette scène déclenche un fou-rire en moi, et je ne fais rien pour le maîtriser ou le dissimuler. La mère s'en aperçoit, et s'initie un échange sans regards généré par le côté comique, parce que vivant, de sa situation.

Un échange de regards se produit lorsqu'elles quittent la rame, lorsque la mère se libère de la balle dans les bras de sa fille, ou plutôt dans ses mains, puisqu'elle la tient par ses pis de Holstein de compétition.

La porte se referme. Mon trajet se termine harmonieusement, un peu de lumière humaine étant entrée dans cette rame de la Ligne 1 aux revêtements évoquant harmonieusement pierres tombales noires et grises.

Dieu, Hasard ou Nécessité merci, nous recevons plein de petits éclats lumineux de ce genre dans la ville et dans la vie.

Pour cela, il faut regarder.

Evidemment.




20 novembre 2007

Acting like a man ?

En tant que représentant du genre masculin, je me dois d'émettre une vive protestation quant à l'affirmation, ou plutôt la justification exposée ci-dessus. Elle m'apparaît en effet extrêmement exagérée.

Pour nos amis anglophobes : la Dame dit à l'autre Dame : "Avant, je pensais que je me conduisais comme une garce, mais après, j'ai réalisé que je me conduisais comme un homme."


11 novembre 2007

Lobster Bar : Les Oiseaux

Les habitués du Lobster Bar vous font profiter, très irrégulièrement, de leur sagesse quelque peu embrumée. Aujourd'hui : l'homme à la casquette écossaise.

"Avant, à la fin des marchés parisiens, quand les gars, ils remballent leurs marchandises, quand les fauchés cherchent les légumes et les fruits encore possibles, quand les balaises replient les toiles au-dessus des stands comme autant de mikados,
avant, y avait des tas de moineaux et de pigeons qui cherchaient partout à becqueter"


"Maintenant, y'a des mouettes. Oui, des mouettes, en masse, comme si elles étaient au bord de la mer, en nuages qui bougent, qui tournoient, qui volent sans cesse puis s'abattent sur leur proie. Comme si elles chopaient un crétin de poisson qui se croit planqué sous l'eau. Et ça crie, ça grince, ça te déchire les oneilles. On se croirait chez Hitchecoque. "

"Les pigeons qui se dandinent comme des poules, les moineaux qui sautillent , très cool, c'est sympa, reposant. C'est Paris."

"Mais les mouettes qui déboulent en masse sans cesser de s'agiter et de crier, elles te fatiguent vite fait, on dirait Sarkozy ".

"Vraiment, vraiment, on sait plus comment qu'on vit."





5 novembre 2007

Cro-mignonne


Pourquoi la femme préhistorique
est-elle si mignonne à l'écran ?

J'ai revu "La guerre du feu" de Jean-Jacques Annaud hier soir. Et admiré le jeu des acteurs, amenés à exprimer l'humanité à travers une gestuelle néo-simiesque, un langage inarticulé et le regard.

Alors que les hommes étaient représentés comme purs Néanderthaliens au front et à la mâchoire saillants, la femme bénéficiait d'une silhouette qu'auraient pu lui envier bien des lectrices des magazines féminins.

Cela m'a rappelé une grande docu-fiction télévisuelle, sous le patronage d'Yves Coppens, il me semble. A la fin, nos ancêtres primitifs, en voie d'extinction, étaient soudainement confrontés à trois femmes homo sapiens aux corps également peints et dénudés, qui n'auraient pas déparé sur un podium de défilé de mode.

Cette différenciation esthétique est sans doute motivée par de pures raisons historiques et préhistoriques. Souriez...