31 janvier 2007

Oh, Maggie !

Issue d'une tribu de réalisateurs et d'acteurs, Maggie Gyllenhaal s'est étonnamment mise en danger en tant qu'actrice dans le très décalé "Secretary" (La Secrétaire) de Steven Shainberg (2002). En bonne compagnie avec James Spader, elle se lance sans réserve dans ce portrait d'une relation sado-maso au jour le jour, entre avocat lunatique et secrétaire portée sur l'autodestruction. Portée par le dynamisme et la finesse de ses interprètes, l'oeuvre échappe au scabreux, se révèle subtile, prenante et légère.

On avait croisé Maggie avec plaisir l'année précédente dans le film-culte "Donnie Darko", de Richard Kelly. Cette fois, la vedette revenait à son frère Jake Gyllenhaal, saisissant dans son interprétation d'un ado trop sincère, pris entre deux mondes. Quelle famille !..


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  • 22 janvier 2007

    " Doing-a-lynndie "

    Nouveau "trend" anglo-saxon, le "Doing-a-Lynndie" consiste à imiter les attitudes prises par Lynndie England, lors des séances d'humiliation de prisonniers irakiens à la prison d'Abou-Graïb. Diffusées sur le web, ces nouvelles images enfouissent peu à peu le sens des scènes originelles.

    Les photos de Lynndie England en action n'ont pas seulement suscité l'émotion (ce moteur majeur de l'opinion publique mondiale) ou la réprobation. Comme tout événement médiatisé ou webisé, elles ont acquis leur propre valeur d'images, leur autonomie.

    Plus que jamais, le media est le message et porte son propre sens, déconnecté des éléments de causalité, de réflexion, de compréhension et d'humanité. L'attitude prise par la jeune femme sur un des clichés scandaleux a ainsi lancé un jeu de mime, de pastiche dans le monde anglo-saxon (Etats-Unis, Royaume-Uni, Australie).

    C'est le "Doing-a-Lynndie"... Sa pratique semble exiger une dose d'alcool équivalente à celle absorbée par la perpétratrice originelle. En diffusant, infusant ces images, la Toile génère des séances photos à l'infini, jusqu'à l'oubli du fait originel.

    Latence


    De la jeune fille à la star, il y a une période indécise, imprécise. Celle pendant laquelle des hommes, des femmes - plutôt des hommes - vont la façonner, faire de ce qu'elle est, de cette latence, le personnage qu'elle deviendra aux yeux du public. Et dont il lui sera difficile de s'écarter par la suite, à moins qu'elle ait vraiment en elle une forte personnalité. Ce qui était le cas d'Audrey Hepburn...


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  • 21 janvier 2007

    La lampe d'Hillary

    Le 20 janvier, Hillary Rhodam Clinton a annoncé son entrée dans la course pour les Présidentielles américaines de 2008, proclamant : "I am in !" (J'y vais !). Le site de son comité de soutien met en vedette une déclaration filmée d'Hillary se réclamant de la middle class américaine.

    Le décor est en effet celui de cette classe sociale, confortable mais sans ostentation, photos de famille et échappée sur un jardin en arrière-plan. La lampe allumée évoque la confiance, la confidence, l'intimité. S'adressant directement au peuple américain, Ms Clinton invite en effet celui-ci à "engager une conversation" avec elle sur l'avenir des Etats-Unis... Ici, la forme soutient parfaitement le fond.

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  • Conversation à deux

    Hillary Clinton, Ségolène Royal… deux femmes engagées dans la course présidentielle, dans leurs moyenne et grande puissances respectives. Interrogation : existe-t-il une façon "féminine" pour faire de la politique ? Il semble bien que oui, l'une et l'autre invitant leurs concitoyens à dialoguer, à leur apporter leurs idées pour bâtir un pays et un monde meilleur.

    Ségolène (Toulon – 17 janvier 2007) :

    " … nous nous écoutons, nous nous parlons, nous bâtissons, nous construisons un diagnostic partagé des difficultés que vivent les Français, pour parler juste et ensuite pour agir juste... Les Français en ont assez des discours politiques de mensonges tenus au plus haut niveau… "

    Hilary (Annonce de la création de son comité pour la candidature – 20 janvier 07)

    " Alors, parlons, bavardons, engageons le dialogue sur vos idées et les miennes, parce que le dialogue avec Washington a plutôt été à sens unique jusque-là, vous ne trouvez pas ? "

    Si elle met l'accent sur la protection sociale, Hillary souhaite cependant la renaissance du rêve américain, trahi par les années de présidence Bush : qui que l'on soit, d'où que l'on soit, avoir la garantie d'une vie heureuse pour sa famille, tant que l'on travaille dur et respecte les règles… Ségolène, quant à elle, ne peut échapper au tropisme de gauche : redonner sa place à la puissance publique

    Ne préjugent-elles pas des réponses que sont supposés apporter les citoyens français et américains ? A moins que le suspense quant au contenu de leurs contributions soit ténu...

    20 janvier 2007

    Tinderbox of a heart

    Enfants de prolos surgis des brumes d'une ville industrielle écossaise dans les années 80, les Cocteau Twins ont créé un style musical singulier, dans la mouvance cold wave, tout à la fois hypnotique et déchirant. Fascinée par les sonorités et leurs percussions, répercussions, la chanteuse Elisabeth Fraser a rapidement inventé son propre langage. Celui-ci était intimement lié aux émotions portées par sa voix et par le "mur de guitares" lancinant caractéristique du groupe, avant que celui-ci n'évolue vers des univers plus éthérés. La chanson "Tinderbox of the heart" est l'une de ses dernières créations en anglais. Ici, la langue a une fonction d'évocation et de fascination hypnotique plus que de description, de narration.
    They are beaten

    You'd feel danger there

    Through the edged are beaten

    You'd feel danger there

    How heavy you are on this faded hatch

    Tinderbox of a heart left a shell is all

    Bleed in your fate's ground through the edge

    It's so bloody and blunt of big crystal eyes

    How heavy you are; it's fading your hatch

    Tinderbox of a heart

    left a shell

    is all.


    Cocteau Twins - Album "Music and drums"



    Photos Philippe Carly


    14 janvier 2007

    Weiß mit Rot

    Le 22 février 1943, Sophie Scholl, étudiante allemande de 23 ans est guillotinée à la prison de Stadelheim, près de Munich, avec son frère Hans, 24 ans et leur ami Christoph Probst, 23 ans, trois enfants. Cette mise à mort intervient à l'issue d'un "procès" de 3 heures, mené par Roland Freißler, Président du Volksgerichtshof, tribunal "populaire" nazi.


    Leur crime : avoir fondé le mouvement de résistance "Der weiße Rose", "La Rose blanche", avoir diffusé des milliers de tracts et même inscrit des graffitis anti-nazis, six mois durant, dans les universités allemandes et autrichiennes.

    Vingt-quatre autres membres de la Weiße Rose seront exécutés ou mourront en camp de concentration.

    Un courage fou, inimaginable, dans un régime sanglant, totalitaire, qu'ont eu bien peu de leurs aînés.


    Le Lys dans la vallée (électorale)

    Dans un contexte où les codes traditionnels de la Gauche ont volé en éclat, sa probable confrontation avec Ségolène Royal pose de sérieux problèmes au Maire de Neuilly. Par son attitude, son élocution, son apparence, elle pourrait sans problème être une femme de son propre camp. Pire, comme l'avait souligné un connaisseur, Philippe de Villiers, le patronyme "Royal" est susceptible de lui rallier subliminalement une frange de l'électorat traditionaliste. Une référence monarchique et virginale renforcé par le recours résolu à des tenues de couleur blanche. Reste que le blanc évoque également la page blanche, l'espace en attente de signes, de sens et de discours, ce dernier restant à construire et inscrire. Et à singulariser par rapport à celui du ci-devant Secrétaire Général de l'UMP.