28 septembre 2007

PJ Harvey , soldier's wife

Kurt Weill, Bertolt Brecht, PJ Harvey : un plan-séquence, trois bonheurs en un.

Polly Jean vient de sortir l'album "White chalk", composé de balades stratosphériques, bien éloignées de son univers rock déchiré coutumier.


Sur "Femmes avec vue" : PJ Harvey on fire


27 septembre 2007

République dominicaine : l'enfance violée

"Paradis" antillais la République dominicaine est aussi un "hot spot" du tourisme sexuel, pédophile en particulier. Mais, comme le révèle le documentaire "Vacances de rêve et tourisme sexuel", l'ennemi est parfois intérieur. Paru sur AgoraVox.


Dans ce documentaire, nous suivons entre autres un avocate dominicaine qui s'efforce d'arracher enfants dominicains (et haïtiens) à la rue. Devant la caméra, elle ne s'attaque cependant pas à un touriste prédateur, mais à "Coco", Dominicain dans la soixantaine qui vit avec une fille de 12 ans. Qu'il a violée lorsqu'elle en avait 8. Submergée sous les enfants, sans ressources, la mère de la fillette a consenti à cette "union" qui jette cependant la honte sur la famille, comme l'explique le grand-père.

A partir de là, ça ne va pas du tout se passer comme un scénarion de film ou téléfilm. Bien sûr, le magistrat qui pourrait intervenir sera surchargé de travail, refusera d'intervenir. Un commissaire, par contre, sous l'oeil scrutateur de la caméra occidentale, envoie trois policiers au domicile de "Coco". L'homme est emmené, bouclé en garde à vue.

Arrive la fillette au domicile de son violeur, le sien à présent, longiligne, visage brouillé. Elle gémit, une plainte continue presque insupportable. Elle pleure l'arrestation de l'homme, elle se désespère. Une fois dans le bureau de l'avocate, elle lui arrache le téléphone des mains lorsque celle-ci appelle le procureur. Avec une maturité surprenante, elle demande à lui parler.

Ce que ressent la gamine, explique l'avocate, c'est qu'elle risque de perdre l'homme qui la nourrit, lui achète des vêtements. Elle a totalement intégré qu'elle vivait en couple avec lui. Elle craint de retourner dans sa famille misérable, refuse de dormir dans un foyer pour enfants abandonnés.Elle se bat pour sa survie.

Elle exige de voir "Coco" à la prison. Elle l'appelle de l'extérieur. Il vient à la fenêtre grillagée de la geôle surpeuplée. Avec une assurance digne d'une fille bien plus âgée, elle lui crie qu'elle va le faire sortir de là "dès lundi".

Morale : il n'y en a pas.

Depuis Paris, France, puis-je comprendre ? Probablement pas.

Quelques pistes, jetées sur le clavier :
Enfant abusée, aliénée par son violeur.
Enfant misérable, se sentant à l'abri du besoin, sachant qu'une perspective de vie plus "normale" n'a rien d'évident.
Enfant sans enfance, tôt projetée dans la dépossession de soi.

Brecht : "Zuerst das Fressen, dann kommt die Morale" : "A bouffer,d'abord, ensuite la morale". La misère sape les bases morales. A noter, cependant, que la situation n'est pas considérée comme normale par le voisinage.


Dans tout cela, un mot : exploitation.

Ambiguité du tourisme : de jolies photos, comme celle plus haut, tirée d'un album "Springbreak" (Congés de printemps) sur Flickr.com.

La pauvreté comme spectacle, ou recherche de l'humanité ?


Documentaire de X. J'écris "X", car, sur le web, je trouve le nom du présentateur de l'émission "Enquête exclusive", pas celui du réalisateur... :(

Photo : Szeing.

25 septembre 2007

Gamine


La gamine est mignonne. Elle a dix ans, blonde, coupe avec frange, simple robe d'été. Elle est encore à l'âge où la parole, les avis des parents sont la foi, la loi. Elle fait les courses avec sa mère. Elles sont à la caisse. La petite fille veut aider, participer. Elle dispose les articles sur le tapis roulant, va ranger le caddy. Dès qu'elle bouge, fait un bruit, sa mère tourne vivement la tête vers elle, jette un regard scrutateur, réprobateur. La gamine capte chacun d'entre eux, ses yeux clairs grands ouverts, en alerte.

La gamine voudrait approbation et amour, elle reçoit stress, remise en cause, critique muette.

Petit elfe vibrant, elle volète, se heurte à un mur invisible.

Histoire de deux solitudes conjuguées, sans doute, peut-être.
Pas de blâme.

Photo : Andreas Hering

Boxes thaï : les filles en direct


Boxe thaï entre filles.

Affirmation de soi sur des territoires
autrefois réservés aux garçons :
violence physique, force, maîtrise de la force.

Le public, lui, est masculin.


Photo : "Pannipa Chayyated, 13, takes jab from Nimagee, 12" - Thomas Fuller - International Herald Tribune.

24 septembre 2007

Islam : la femme, bombe ambulante


Quelques lignes éclairantes de Véronique Perrin sur la pudeur selon "l'Islam intransigeant". Si la femme doit se dissimuler, se taire, c'est que l'homme est un animal sexuel incapable de contrôler la mondre pulsion... Et ce n'est pas à lui de s'amender.

" ... Il faut donc isoler le beau sexe, cloîtrer la femme, voiler son corps, assourdir sa voix. Prise au ras du tapis de prière, la pudeur musulmane vise surtout à maintenir la paix sociale. Tout se passe comme si l'instinct sexuel échapait totalement au contrôle de l'homme. Comme si la femme, allumeuse en diable, était une bombe ambulante dont la chevelure serait la mèche. Comme si le sexe de l'homme n'était qu'une allumette prête à craquer devant la première femelle venue. Et c'est ainsi qu'un voile de pudeur recouvre la femme. Le Coran en loue la vertu et la Sunna renchérit. Il vise d'ailleurs moins à dérober au regard la femme proprement dite qu'il veille à ne donner aucune prise à la concupiscence mâle. Une très proche parente, hors circuit de la séduction, une vieille femme, pourraient se dévoiler sans péril. Mais la jeune fille, l'épouse active, la femme mûre, doivent non seulement se couvrir mais aussi veiller à ce que l'étoffe du voile soit la plus épaisse et la plus ample possible... La pudeur ne procède pas seulement de l'intention, elle implique la précaution. Pas de parfum ou de clinquant ni de bruit de marche. Satan ne manquerait pas d'en caresser avec l'oreille, l'oeil et l'odorat du mâle. La croyante doit marcher dans la rue comme sur un champ miné, mine de rien. La voix fait partie de son intime féminité. Elle ne doit pas souffler mot en présence d'un étranger. "

Extrait de : "La pudeur - la réserve et le trouble" - Ed. Autrement

Photo : National Geographic



Dans "L'Avventura", irruption du désir

Dans "L'Avventura" d'Antonioni, le rythme lent, désabusé du film est rompu par une scène tourbillonnante. L'improbable "Gloria Perkins" provoque une émeute dans une petite ville sicilienne, pour la seule et unique raison qu'une couture a cédée sur la robe ajustée à son corps de starlette, découvrant un mince espace de peau et l'esquisse d'un porte-jarettelle.

Les hommes déferlent dans la rue, dans la boutique où elle vient chercher assistance, pour contempler ce spectacle d'un érotisme insoutable, dans une société sicilienne des années 60 où règne, parallèllement à la Maffia, le plus strict ordre moral, dans lequel, indique un autre personnage, les simples maillots de bain ne sont pas les bienvenus. La police doit intervenir pour l'évacuer de ce maelström dans lequel elle se meut avec une grâce languide.

L'ouragan érotique naît ici d'une exposition de l'intime rêvé, fantasmé, désiré. Le réel caché du corps féminin, de ce qui le pare, est un instant exposé.

Le personnage interprété par la fugitive Dorothy de Poliolio s'avère être en fait une courtisane de haut vol en quête de médiatisation. Dédiée au plaisir marchand, elle est l'avant-garde d'un mouvement de subversion.


22 septembre 2007

Pudeur en ce jardin


Je marchais dans les jardins du Palais-Royal en compagnie d'une femme à l'élégance simple et naturelle. Profonde, désabusée, cultivée.

Alors que nous avancions lentement, parlions, une jeune Japonaise à la mise classique vint à la hauteur de ma compagne. Les yeux baissés, elle murmura : "Madame, votre robe est ouverte".

Effectivement, un bouton de la robe, qui se fermait dans le dos, s'était rebellé, révélant un mince espace de peau claire sur ce corps paisiblement voluptueux.

J'ai remis en place le bouton vagabond. Un geste d'une intense et tranquille intimité.

De l'après-midi en ce jardin, je garde le souvenir de cette pudeur partagée, de cette timide solidarité, ce sobre message d'alerte porté par un être qui ne fit que nous effleurer.

Echo d'un univers féminin secret, que l'homme côtoie, et parfois perçoit.


10 septembre 2007

My name is England. Lynndie England.


Je m'appelle England. Lynndie England.

Je suis née en Virginie, en 1982.
Mon père travaille toujours à l'entretien des voies ferrées. Il gagne 1 500 dollars par mois.
J'ai grandi dans un "trailer park", un parc de caravanes, de mobil-homes, à Fort Ashby.
Notre "trailer" est loué 200 dollars par mois.
J'étais plutôt un garçon manqué.

J'ai d'abord travaillé chez Pilgrim's Pride, une usine d'abattage de poulets.
J'ai démissionné, car c'était trop glauque.
Ensuite, j'ai été caissière à l'IGA.

Je me suis mariée à un gars du pays. J'ai divorcé

Puis je me suis engagée dans l'armée à 17 ans, la police militaire, pour payer mes études.

C'est là que j'ai rencontré Charles Graner, une grande gueule, un type assez "wild", 15 ans plus âgé que moi. Avant, il avait été gardien de prison.
C'est dire s'il était qualifié pour la suite.

On s'amusait bien, Charles et moi. Enfin, je crois.

Il aimait qu'on fasse des trucs un peu spéciaux, et encore plus les prendre en photo.
Alors, je suis devenue son petit jouet, son petit modèle porno.
C'est fou, ce qu'on peut faire en s 'amusant.

En juin 2003, nous nous sommes retrouvés, un groupe de 20, en Irak. J'avais 21 ans.
On crevait d'ennui et de chaleur dans une sorte d'entrepôt.

Charles organisait des semaines à thèmes, sur des thèmes de cul, plus précisément.
Et il prenait toujours des photos.
Quand nous avons été mutés à Abu Ghraib, ça chauffait tout autour de la prison et dans la prison. Il y avait des tas de gens là-bas, pour "s'occuper" des prisonniers : soldats, police militaire, CIA.
L'objectif était de faire craquer les détenus, les "terroristes",
par toutes les pratiques d'humiliation possibles et imaginables.
Mon boulot, c'était de les empêcher de dormir durant les longs interrogatoires. Personne ne semblait trouver cela anormal. Le 11 septembre, et tout ça...

Charles a compris qu'il avait là un super-terrain de jeu sado-maso.
On pouvait faire mettre les prisonniers à poil, les aligner contre un mur, les entasser comme des colis, comme des poulets déplumés... ou les traîner au bout d'une laisse.
Un jour, il m'a passé la laisse, et, bien sût, il a pris des photos.
Il les envoyait par mail au pays. Il se vantait de ce qu'il avait encore "fait faire à Lynndie".

Vous connaissez la suite. Les clichés ont été publiés.

Les gens ont été indignés.
Ils ont été indignés par les traitement infligés aux Irakiens.

Ils ont été indignés parce qu'une Américaine humiliait des Irakiens.

Ils ont été indignés parce qu'une jeune femme humilait des hommes.

A la guerre, les femmes se terrent, pleurent et crient quand on tue ou mutile les hommes de leur famille, quand on les bat, quand on les viole.
Elles soignent les blessés, enterrent les morts, conçoivent et élèvent les futurs combattants.
A la guerre, les femmes ne tuent pas, ne commandent pas.
Elles n'humilient pas les hommes.
Tout faux, Lynndie England.


Les gens ont été indignés, les gens se sont régalés,
ils ont été révulsés.
Ils ont été émoustillés par mes photos perverses.

Charles Graner m'a fait un enfant, un garçon, Carter.
Charles Graner a pris 10 ans.

Moi, j'en ai pris 3. Pour conspiration, mauvais traitements aux détenus et actes indécents.

Le lieutenant-colonel Steven Jordan, responsable de la prison d'Abu-Ghraib, a reçu une "réprimande" au terme de son procès, le 30 août dernier.


J'ai été libérée sur parole, après 521 jours de détention.


Je m'appelle England. Lynndie England.
Désormais, mon nom n'est plus celui d'un pays.




"A soldier's tale, l'histoire de Lynndie England,par Tara McKelvey


"Doing-a-lynndie"

"Doing-a-lynndie", "Pulling-a-lynndie" : l'art de mimer une des plus célèbres photos de Lynndie England à Abu Ghraib. Pratiqué aux Etats-Unis, en Australie, en Angleterre. Manifestement favorisé par une forte consommation alcoolisée.

L'image originelle est réduite à un gimmick, une attitude. Le média est le message, et le message trépasse...


9 septembre 2007

Mandy Moore : feeling sous Umbrella

Abandonnant toute posture show-bizz, Mandy Moore propose une version acoustique sobre et prenante d'"Umbrella", hit R&B de Rihanna.

Dans la tradition de la ballade américaine. Pas sans évoquer, disons, Natalie Merchant...