27 septembre 2007

République dominicaine : l'enfance violée

"Paradis" antillais la République dominicaine est aussi un "hot spot" du tourisme sexuel, pédophile en particulier. Mais, comme le révèle le documentaire "Vacances de rêve et tourisme sexuel", l'ennemi est parfois intérieur. Paru sur AgoraVox.


Dans ce documentaire, nous suivons entre autres un avocate dominicaine qui s'efforce d'arracher enfants dominicains (et haïtiens) à la rue. Devant la caméra, elle ne s'attaque cependant pas à un touriste prédateur, mais à "Coco", Dominicain dans la soixantaine qui vit avec une fille de 12 ans. Qu'il a violée lorsqu'elle en avait 8. Submergée sous les enfants, sans ressources, la mère de la fillette a consenti à cette "union" qui jette cependant la honte sur la famille, comme l'explique le grand-père.

A partir de là, ça ne va pas du tout se passer comme un scénarion de film ou téléfilm. Bien sûr, le magistrat qui pourrait intervenir sera surchargé de travail, refusera d'intervenir. Un commissaire, par contre, sous l'oeil scrutateur de la caméra occidentale, envoie trois policiers au domicile de "Coco". L'homme est emmené, bouclé en garde à vue.

Arrive la fillette au domicile de son violeur, le sien à présent, longiligne, visage brouillé. Elle gémit, une plainte continue presque insupportable. Elle pleure l'arrestation de l'homme, elle se désespère. Une fois dans le bureau de l'avocate, elle lui arrache le téléphone des mains lorsque celle-ci appelle le procureur. Avec une maturité surprenante, elle demande à lui parler.

Ce que ressent la gamine, explique l'avocate, c'est qu'elle risque de perdre l'homme qui la nourrit, lui achète des vêtements. Elle a totalement intégré qu'elle vivait en couple avec lui. Elle craint de retourner dans sa famille misérable, refuse de dormir dans un foyer pour enfants abandonnés.Elle se bat pour sa survie.

Elle exige de voir "Coco" à la prison. Elle l'appelle de l'extérieur. Il vient à la fenêtre grillagée de la geôle surpeuplée. Avec une assurance digne d'une fille bien plus âgée, elle lui crie qu'elle va le faire sortir de là "dès lundi".

Morale : il n'y en a pas.

Depuis Paris, France, puis-je comprendre ? Probablement pas.

Quelques pistes, jetées sur le clavier :
Enfant abusée, aliénée par son violeur.
Enfant misérable, se sentant à l'abri du besoin, sachant qu'une perspective de vie plus "normale" n'a rien d'évident.
Enfant sans enfance, tôt projetée dans la dépossession de soi.

Brecht : "Zuerst das Fressen, dann kommt die Morale" : "A bouffer,d'abord, ensuite la morale". La misère sape les bases morales. A noter, cependant, que la situation n'est pas considérée comme normale par le voisinage.


Dans tout cela, un mot : exploitation.

Ambiguité du tourisme : de jolies photos, comme celle plus haut, tirée d'un album "Springbreak" (Congés de printemps) sur Flickr.com.

La pauvreté comme spectacle, ou recherche de l'humanité ?


Documentaire de X. J'écris "X", car, sur le web, je trouve le nom du présentateur de l'émission "Enquête exclusive", pas celui du réalisateur... :(

Photo : Szeing.

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