31 décembre 2007

Bonne et intense Année !


J'ai hésité entre les biches dans la neige,
les Champs-Elysées illuminés,
l'atoll aux eaux luminescentes...

mais, au fond,
une année nouvelle ne présente d'intérêt
qu'intense.

Or donc,

que votre chemin soit droit ou sinueux,
vos perspectives claires ou brumeuses,
vos amours florissants ou déclinants,

je vous souhaite

une Bonne
et intense
Année.



Thierry Follain


29 décembre 2007

Ca va, ça vient


Dans le parc désert,
tu marchais sous le soleil
pâle
de mai,

tu récitais ton mantra
favori,
ton refuge quand la vie se couvrait,

tu te répétais

"Ca va.
Ca va.
Ca va.

Ca va, ça vient".

Ca va, ça vient,
ces images dans ma mémoire
soumise aux diktats
des regrets
à la morsure des remords.


Ca va,
ça vient
à tout vat,
ces images, ces sensations-
là.

T'étais une fille super,
tu marchais,
tu pensais à une journée
où on riait,
où on dansait
en avançant
sous un soleil qui semblait neuf,

nous ne serions jamais vieux.

Mais le temps et la joie,
c'est fragile,

ça va,
ça va,
puis
ça s'en va

Ca va, ça vient,
mais ça n'avance à rien,

on n'en garde rien
que ces traces,
ces regrets, ces remords
qui griffent au détour
d'un souvenir
et d'un rire
depuis longtemps
effacés, du passé
décomposé.


T'étais une fille super,
dans le parc désert,
tu marchais au soleil,
tu avais cru trouver
où ça allait
tout ça,
quand on s'est rencontrés,
quand on s'est serrés,
reconnus,
inconnus jusqu'alors.

Tu marchais sur cette allée,
aujourd'hui,
je t'ai croisée
sans rien dire,
tu parlais, tu encourageais
une fillette
tout près de toi,

elle sautait à la corde
sur le sable compacté comme le temps qui s'était
écoulé,

elle vibrait au rythme de la corde qu'on distinguait
à peine,
virant, virevoltant
autour d'elle,
tel le temps passé.

Le temps,
l'amour,
ça va,
ça va, ça vient.

T'étais une fille super,
et ta fille te ressemble,

ardente,
souriante,
intouchable et touchante.

La vie et la beauté,
c'est comme les souvenirs,

d'un jour à l'autre,
d'un être à l'autre,

ça va,
ça vient.



25 décembre 2007

Alice Wells, la force fragile

La jeune photographe Alice Wells crée un univers 100% féminin, mettant en scène le mélange subtil d'impudence et de fragilité qui caractérise souvent les jeunes femmes.

Cette dualité lumineuse, épurée, caractérise le "Thesis Show" qu'elle a publié sur le web, à l'issue de ses études à la School of the Arts Institute of Chicago.

Elle poursuit sur son site, Alicewells.com, l'exploration d'une sensualité de plus en plus contrastée, ambigüe.

A travers une pureté apparente, l'oeuvre d'Alice Wells évoque le trouble profond, caché, qui vit en l'être, masculin ou féminin. Le trouble tendant à prendre le dessus.

A suivre...



21 décembre 2007

Histoire d'Eau


Elle est jeune, elle se donne avec plaisir au photographe, vraisemblablement son compagnon.

Idée : elle en train de se laver les dents, "surprise" dans sa fraîche nudité.

La brosse est portée à la bouche. L'eau coule dans le lavabo. Le décor est brut de décoffrage.

La jolie demoiselle, cependant, s'est préparée. Elle s'est maquillée, ses cheveux sont sagement peignés (ils évoquent une enfant au coucher), elle porte boucles d'oreille et collier.

Elle révèle son corps désirable mais protège sa plus intime intimité par une serviette stratégiquement placée.

C'est une idée d'un soir sans doute, spontanée, avec un brin de préparation.

Ce qui donne sa valeur à la photo, c'est le regard, le sourire du modèle. Chaleureux, mutins, complices.

Confiante. C'est la confiance, l'ouverture à l'autre qui a créé cette scène. Cette sage audace, dont la sagesse est un atout érotique inconscient.

C'est un écho touchant de la jeunesse, dans sa spontanéité, son impudence légère, sa vérité. Un moment du vrai temps qui passe, loin des plateaux et des studios.

Y-a-t-il eu accord pour que le cliché circule sur le web ? Pas certain, mais très possible.

Comme un frisson virtuel de s'exposer à des dizaines de milliers de regards inconnus.

Si tel était l'objectif (double sens, cela va de soi),

c'est réussi :-)




7 décembre 2007

Pure Manga

Dépouillement du décor, du cadre,
simplicité de la situation,
pureté, verticalité
des idéogrammes,

subtilité du jeu entre ombre et
lumière.


L'émotion dans la pure tradition japonaise.



30 novembre 2007

Fred Chichin dit Adieu à Rita Mitsouko : C'est comme ça...

Les Rita Mitsouko, Fred Chichin, Catherine Ringer - Rita Mitsouko, Andy - Rita Mitsouko, C'est comme ça - Blog with a View - blog-with-a-view.blogspot.comUn soir des années 90, 150 personnes se trémoussent dans l'ex-salle de garde de l'Hôpital Saint-Antoine, en chantant, en hurlant : "C'est comme ça ! C'est comme ça, la la la la la !". Née en 1979, la vague Rita Mitsouko balaie tout sur son passage, une fois de plus.

Les Rita Mitsouko, Fred Chichin, Catherine Ringer - Rita Mitsouko, Andy - Rita Mitsouko, C'est comme ça - Mitsouko, Un p'tit train - Mitsouko, Marcia Baïla - Mitsouko, Les Histoires d'A. - Blog with a View - blog-with-a-view.blogspot.comEn 1984, la bombe "Rita Mitsouko" éclate avec l'album éponyme, porteur de l'intense "Marcia Baïla", dédié à la danseuse argentine Marcia Moretto, décédée d'un cancer.

Les Rita Mitsouko, Fred Chichin, Catherine Ringer - Rita Mitsouko, Andy - Rita Mitsouko, C'est comme ça - Rita Mitsouko, Marcia Baila - Blog with a View - blog-with-a-view.blogspot.com"C'est comme ça" figure sur "The No Comprendo" second album, apogée de l'art du duo, qui inclut aussi "Les histoires d'A.", histoires d'amour qui "finissent mal en général". Il est rare qu'une création 100% ravageuse, originale, émerge de l'univers tiède de la pop-rock française. C'était le cas des Rita Mitsouko, qui débarquaient dans ce monde enfin en éveil, après des vies "alternatives" mouvementées.

Les Rita Mitsouko, Fred Chichin, Catherine Ringer - Rita Mitsouko, Andy - Rita Mitsouko, C'est comme ça - Rita Mitsouko, Le p'tit train - Blog with a View - blog-with-a-view.blogspot.comUn couple unique réunissant Catherine Ringer, chanteuse à voix canon, masquant sa beauté native sous maquillage et vêture kitsch et Fred Chichin, guitariste saccadé, à l'allure mélancolique et décalée. Plus à l'aise dans l'interprétation de sa musique que devant le micro d'un interviewer.

Les Rita Mitsouko, Fred Chichin, Catherine Ringer - Rita Mitsouko, Andy - Rita Mitsouko, C'est comme ça - Rita Mitsouko, Les histoires d'A - Blog with a View - blog-with-a-view.blogspot.comFred Chichin est mort le 28 novembre, emporté à son tour par un cancer foudroyant, à 53 ans.

Il est mort, mais il a vécu.


C'est comme ça.


27 novembre 2007

morgen - 2 - Flow my tears - extrait

Jeune Allemande de très bonne famille, Else voit sa vie brillante, aisée, brisée à 26 ans. Enlevée pour des motifs politiques, elle subit quatre mois de réclusion humiliante, avilissante. Libérée contre rançon, la jeune femme fait la rencontre improbable d'un homme plus âgé, qui lui redonne vie par sa tendresse, sa considération. Confrontée à nouveau à une mort sanglante, Else reconstruit sa vie en une contrée lointaine, forte d'elle-même, de son fils, de l'amour, de toutes les formes d'amour qu'elle porte en elle et suscite. Par touches impressionnistes, "morgen" narre son histoire.


Chapitre 6 - Nocturne (extrait)

Ils avaient amerri dans une chambre à deux lits, nichée dans le dernier carré d’un centre-ville historique, miraculeusement épargné.
Maintenant calme, paisible. Figé. Disneysé.

Tinderbelt rentra dans la chambre, accompagné d’Alberich, qu’il était allé promener. Il jeta un coup d’œil par la fenêtre qui donnait sur une cour silencieuse, avec quelques arbres en pot, des tables, des chaises abritées sous une bâche transparente.

Lorsqu’il se retourna, Else sortait de la salle de bains, de la douche où elle avait passé un sacré bout de temps, lui semblait-il. Elle avança, rêveuse, ses cheveux noirs humides, drapée d’un peignoir blanc. Vint près de lui.
-Tu as vu ? Ca doit être sympa, le petit-déjeuner, en été.
Il approuva.
Mais ce n’était pas l’été, à peine le printemps.

Frémissant, il la regarda droit dans les yeux. C’était ahurissant, l’effet que cette femme lui faisait, l’irrésistible emprise qu’elle exerçait sur lui. Sans dire un mot. Sans faire un geste.

Elle lut tout cela dans son regard.
Désolée de ne pouvoir donner, juste recevoir, elle eut honte, et celle-ci se mêla à toutes les hontes nées de ces jours forcés. Un moment, elle se sentit vide, désemparée, puis il la prit dans ses bras, et elle se laissa aller.
Elle murmura " Pardon ". Peut-être ne comprit-il pas. En tout cas, il ne quémanda aucune explication. Les interrogatoires, les " pourquoi ? ", " quand ? ", " comment ? " appartenaient au passé.

(...)

Thierry Follain

lire la suite, en pdf ...

extrait 1 : "Les paupières à vif"


22 novembre 2007

Boucing ball


Métro parisien, Ligne 1. Un jour de pas grève. Vers 19 h 00. Retour vers l'Est des travailleurs du Tertiaire, dont ceux de La Défense. Faces grises, vêtures sombres, toujours plus sombres de Parisiennes et Parisiens, des habitants de la Ville Lumière et de des périphéries. Mais je m'égare...

Brisant la grisaille, entrent une mère et sa fille dans les douze-treize ans. Pantalon, pull léger et blouson, cascadantes boucles brunes, la gamine porte une grosse boucing-ball rouge vif, qui, avec ses poignées en forme de pis, évoque une Holstein coachée par un soigneur du Tour de France.

La jeune fille passe rapidement la balle à sa mère, fonce sur la place libre en face de moi, s'asseoit, et, sérieuse, pensive, part dans son monde personnel. De temps à autre, elle jette un regard à sa maman, restée debout, la grosse balle rouge dans les mains. Passe entre elle une entente, une complicité qui fait plaisir à voir.

La maman est jeune, dans la mid-trentaine, grande, mince, séduisante en toute simplicité. Vêtue de noir, elle aussi, mais sur elle, ça passe.

Il me plaît bien, ce couple mère-fille. Il me fait du bien, dans l'ambiance tristounette du métro aux Blêmes. La mère est vaguement gênée par sa position décalée, brune adulte porteuse d'une boucing ball écarlate. Quand sa fille tourne la tête vers elle, elle lui lance une gentille mimique du genre "Tu exagères". Sans conviction. Et la gamine sourit.

Cette scène déclenche un fou-rire en moi, et je ne fais rien pour le maîtriser ou le dissimuler. La mère s'en aperçoit, et s'initie un échange sans regards généré par le côté comique, parce que vivant, de sa situation.

Un échange de regards se produit lorsqu'elles quittent la rame, lorsque la mère se libère de la balle dans les bras de sa fille, ou plutôt dans ses mains, puisqu'elle la tient par ses pis de Holstein de compétition.

La porte se referme. Mon trajet se termine harmonieusement, un peu de lumière humaine étant entrée dans cette rame de la Ligne 1 aux revêtements évoquant harmonieusement pierres tombales noires et grises.

Dieu, Hasard ou Nécessité merci, nous recevons plein de petits éclats lumineux de ce genre dans la ville et dans la vie.

Pour cela, il faut regarder.

Evidemment.




20 novembre 2007

Acting like a man ?

En tant que représentant du genre masculin, je me dois d'émettre une vive protestation quant à l'affirmation, ou plutôt la justification exposée ci-dessus. Elle m'apparaît en effet extrêmement exagérée.

Pour nos amis anglophobes : la Dame dit à l'autre Dame : "Avant, je pensais que je me conduisais comme une garce, mais après, j'ai réalisé que je me conduisais comme un homme."


11 novembre 2007

Lobster Bar : Les Oiseaux

Les habitués du Lobster Bar vous font profiter, très irrégulièrement, de leur sagesse quelque peu embrumée. Aujourd'hui : l'homme à la casquette écossaise.

"Avant, à la fin des marchés parisiens, quand les gars, ils remballent leurs marchandises, quand les fauchés cherchent les légumes et les fruits encore possibles, quand les balaises replient les toiles au-dessus des stands comme autant de mikados,
avant, y avait des tas de moineaux et de pigeons qui cherchaient partout à becqueter"


"Maintenant, y'a des mouettes. Oui, des mouettes, en masse, comme si elles étaient au bord de la mer, en nuages qui bougent, qui tournoient, qui volent sans cesse puis s'abattent sur leur proie. Comme si elles chopaient un crétin de poisson qui se croit planqué sous l'eau. Et ça crie, ça grince, ça te déchire les oneilles. On se croirait chez Hitchecoque. "

"Les pigeons qui se dandinent comme des poules, les moineaux qui sautillent , très cool, c'est sympa, reposant. C'est Paris."

"Mais les mouettes qui déboulent en masse sans cesser de s'agiter et de crier, elles te fatiguent vite fait, on dirait Sarkozy ".

"Vraiment, vraiment, on sait plus comment qu'on vit."





5 novembre 2007

Cro-mignonne


Pourquoi la femme préhistorique
est-elle si mignonne à l'écran ?

J'ai revu "La guerre du feu" de Jean-Jacques Annaud hier soir. Et admiré le jeu des acteurs, amenés à exprimer l'humanité à travers une gestuelle néo-simiesque, un langage inarticulé et le regard.

Alors que les hommes étaient représentés comme purs Néanderthaliens au front et à la mâchoire saillants, la femme bénéficiait d'une silhouette qu'auraient pu lui envier bien des lectrices des magazines féminins.

Cela m'a rappelé une grande docu-fiction télévisuelle, sous le patronage d'Yves Coppens, il me semble. A la fin, nos ancêtres primitifs, en voie d'extinction, étaient soudainement confrontés à trois femmes homo sapiens aux corps également peints et dénudés, qui n'auraient pas déparé sur un podium de défilé de mode.

Cette différenciation esthétique est sans doute motivée par de pures raisons historiques et préhistoriques. Souriez...

27 octobre 2007

16 Horsepower : parcourez la Cinder Alley


J'ai fait connaissance avec 16 Horsepower au coeur d'une Fnac, pas la plus "musicale", celle de La Défense. Casque sur les oreilles j'ai été impressionné par la musique sombre, fiévreuse de l'album "Sackcloth'n' Ashes", cette voix torturée, cet art instrumental raffiné.


Depuis, je les ai vus deux fois en concert, menés par David Eugene Edwards. Ce chanteur, auteur-compositeur, guitariste, banjoiste, etc, passionné de folk-music américaine (au sens noble), est le petit-fils d'un pasteur-prédicateur nazaréen qui l'a profondément marqué, comme en témoignent ses textes.

Etre au premier rang était avec lui, avec eux, une expérience inoubliable, car cet homme est littéralement "possédé" par la musique. Bellement accompagné par Pascal Humbert (bassiste, co-fondateur) et Jean-Yves Tola (batterie), ex-membres de "Passion Fodder", groupe rock français.

16 Horsepower, ce fut une intense rencontre franco-américaine, dans le cadre du "Denver sound". Et aussi, à mon avis, un acte artistique dont l'intensité et la profondeur planaient bien au-dessus de son jeune public.


David Eugene poursuit sa route musicale avec son projet solo Woven Hand.

Pascal Humbert et Jean-Yves Tola ont, quant à eux, créé le duo Lilium, riche de 2 albums, à ce jour.



Cinder Alley est une des chansons les plus prenantes de 16 Horsepower.

La voici en "live", contexte idéal pour s'imprégner de l'art tourmenté de David Eugene...

25 octobre 2007

Burning brave

L'un des traits les plus dignes de l'être humain, c'est sa capacité à lutter dans les conditions les plus désespérées. Voilà ce qui me frappe dans cette photo d'Amy Berling, Californienne luttant avec un tuyau d'arrosage contre les flammes qui approchent sa maison, à South Escondito. La chaleur écrasante, la fumée, la suffocation ne l'empêchent pas de se battre. Poing crispé, elle est impuissante, épuisée, mais résolue.

C'est un drame, un vrai, à l'occidentale. Sans cris, sans gémissements, sans gesticulation. Juste le besoin de lutter jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Que toute résistance soit vaine. Soit vanité.

Au loin, l'hélicoptère largue une charge d'eau avec retardateur de flammes. Une tout autre puissance. Mais si lointaine.

Ici subsistent la solitude, la volonté. Jusqu'à ce qu'il faille se retirer. En sachant, qu'au moins, elle aura tout essayé.


Photo : Brian Vander Brug - L.A Times

19 octobre 2007

Gorecki : Lamb tisse sa toile vibrante

Avec "Gorecki", le duo "Trip Hop" Lamb signe une oeuvre envoûtante, construite sur une montée en intensité élégamment et sobrement orchestrée, portée par la voix prenante de Louise Rhodes. C'est également une chanson sur l'amour absolu, ce qui fait du bien de temps en temps. Tout comme la beauté qui fait sens.

L'histoire pourrait s'arrêter là, si "Gorecki" n'avait également donné naissance à un clip bravant l'air du temps. En noir et blanc, inspiré tout à la fois de l'esthétique impressionniste et de celle du cinéma des années 30 à son sommet, avec ses correspondances géométriques, ses ombres et lumières, ce film prend sens par le thème du tissage, de l'attente, de l'errance.

Louise Rhodes et Andy Barlow ont ainsi produit une de ces rares oeuvres dont on sent qu'elles résisteront aux tendances, au temps et à la jouissance rapidement consommés.

Just enjoy.

Le Trip Hop (Wikipedia)


Mon Ange garde rien


Mon Ange déconne

mon Ange gardien
exagère

Elle se sauve le soir
pour secourir ceux qui rament
dans les profondeurs
du métro, du RER

Mon Ange déconne

mon Ange garde rien.



Dita Pepe, voleuse d'hommes ?..

Dans sa longue série d'autoportraits, la photographe tchèque Dita Pepe associe avec brio perception de soi, mimétisme avec une milieu familial, culturel, social et témoignage sur les styles de vie. Un projet dont peut déranger l'extrême imbrication de l'artiste dans l'univers intime de ses modèles-partenaires...

A travers une démarche troublante, Dita s'est projetée, on pourrait dire incrustée, dans l'univers de femmes diverses et variées, y jouant avec un talent confondant le rôle d'une proche, mère, soeur, etc... Elle adopte non seulement le style mais la posture, l'expression de ses "modèles", des vrais gens qu'elle accompagne un instant.

Dita a franchi une nouvelle frontière en s'affichant compagne d'hommes inconnus, sur le même principe de mimétisme total. Le parti-pris esthétique, celui de photos aux contrastes durs, fortement soulignés par les flash introduit une notion d'artifice, de décalage dans sa démarche.

Son oeuvre est cependant porteuse d'un léger malaise, lorsque l'artiste semble prendre la place d'une femme auprès de son mari, de ses enfants, dans une photo de mariage ou de famille...

Dita Pepe, voleuse d'hommes ?..




15 octobre 2007

Le grand voile bat comme une aile

Au corps réel, surchargé d'étoffes et de bijoux, de la femme berbère ou kabyle traditionnelle, le regard occidental substitua le fantasme d'un corps odorant et barbare dénudé, paré d'argent, d'or et de pierreries. Voyageurs et artistes se trouvèrent pris dans l'inextricable contradiction entre un ordre ancien qui dissimulait le corps, mais affichait de multiples codes, et leur propre désir, en quête d'immédiate accessibilité.

Dans Les Coquelicots, Léon Comerre met en scène une jeune danseuse au corps ferme et voluptueux, vêtue d'un haut doré que ne renierait pas une adolescente contemporaine, et d’une jupe, ou plutôt d’une étoffe lamée, chamarrée, savamment drapée sur ses hanches généreuse, le triangle des hanches et du pubis étant marqué par le croisement de bandes de tissus. La bijouterie berbère intervient par touches sur ce corps luxurieux : bracelet cylindrique argenté au bras droit, bracelets dorés niellés au bras et au poignet gauches. Jumelles des seins pressés par l'étoffe, des fibules rondes ferment la croisée de la jupe. Conséquents, les fameux coquelicots, également au nombre de deux, ornent l'épaisse chevelure de jais, en harmonie avec la bouche petite, écarlate et pleine. La jeune femme tient un tambourin à la main droite. La musique et la danse – vraisemblablement du ventre – ne vont pas tarder à se déchaîner…


Comme l’illustre cette toile, les peintres orientalistes furent séduits par la "barbare" joaillerie berbère. Ils y lurent une "invitation au voyage" loin des femmes occidentales corsetées vêtues de pauvres couleurs, ils y virent des parures destiné à un corps libéré, dénudé, ou pour le moins révélé.

De nos jours, encore, la massive beauté de la bijouterie berbère attire et fascine par son exotisme, sa pesanteur, son évocation fantasmée d'un monde voluptueux, barbare, pris dans un jeu ambigu de contrainte, de liberté, de sensualité et de soumission. (...)

14 octobre 2007

Aux Elfes


Fragment des années tourbillonnantes

Elles sont nombreuses,
elles sont légendes,
les danseuses de la nuit

Heures d'oubli programmées,
heurts adoucis, esquivés, esquissés,
portés par les musiques
rythmiques
arythmiques,
faites et fêtes
du corps et de l'esprit

Les scintillements nocturnes allument
de profonds incendies

Sous les lumières glauques,
les lumières vivent

Chacun, chacune trace son parcours
à la poursuite des astres musicaux.
Ces vibrants univers,
comètes de sens et de désir, cohabitent, persistent,
hésitent

La musique répétitive,
musique cyclique
brise les conventions et les acquis

Chacun trace sa sphère
et crée sa vie amie
dans cet espace d'ombre et de lumière,
cette vie intense,
artificielle

Chacun, chacune poursuit son ombre
dansante,
sourit, bondit,
avant d'être rendu à la lumière frissonnante
du matin.


Télécharger "Aux Elfes"…


12 octobre 2007

Complètement Flickés !

Faire une recherche d'images via Yahoogle devient un véritable parcours du combattant. Peu de chances, désormais, de tomber sur une révélation, un artiste, une vision qui séduit ou qui dérange, l'élan créatif, l'oeuvre construite des années durant.

Les photos déversées sur flickr.com par les internautes du monde entier règnent en maîtresse sur des pages et des pages de résultats de recherche. Le grand web-bazar a absorbé la photo. Bien sûr, on trouve par-ci par-là un cliché intéressant (comme celui de "Firefleaz", ci-dessus), mais nous en payons l'accès par d'innombrables images non sélectionnées.

Dans la foulée de la télé-réalité, la grande famille planétaire nous submergerait-elle de sa gratuité, de sa banalité?


11 octobre 2007

Philippe Pascal : Divin Marquis

"Nouveau et intéressant : le chanteur fascine la salle avec ses mains"

C'est ce qu'écrivait un journaliste d'"Actuel" dans les Années 80. Le chanteur, c'était Philippe Pascal, le groupe "Marquis de Sade". OVNI improbable de la trépidante scène rennaise (Daho, Niagara), puis française, il produisit deux albums : "Dantzig Twist" et "Rue de Siam".

MdS : "Back to cruelty"
montage personnel
sur Down by the water,
ma Chaîne YouTube

Projet du second album : créer un "funk blanc". Non partagé par le chanteur Philippe Pascal. Et pourtant... "Rue de Siam" reste une des oeuvres marquantes de la pop rock- new wave française, avec l'apport de Steve Nye, également producteur pour "Japan", le groupe de David Sylvian.


Marquis de Sade ? Deux petits tours divins, et puis s'en vont...

8 octobre 2007

Femmes célibataires anxieuses : l'espoir d'Hillary

Elles ont moins de 45 ans, elles s'inquiètent pour la guerre en Irak, l'égalité des salaires, la sécu, l'éducation. Elles représentent 25% du corps électoral américain. Ce sont les "femmes célibataires anxieuses", électorat potentiel pour le futur candidat démocrate. Qui sera peut-être Hillary Clinton.

D'après un sondage de l'ONG "Women's Voices : Women vote", les femmes célibataires américaines de moins de 45 ans constituent un réservoir de voix démocrates pour les Présidentielles de 2008. Majoritairement blanches (64%), mobiles, peu diplômées (14%), elles attendent du nouveau Congrès et du futur Président l'écoute et le changement.

Baptisées "Single anxious females" par Ann Lewis, conseillère d'Hillary Clinton, elles ont quatre préoccupations majeures : la guerre d'Iraq, les prestations sociales (prénatales, en particulier), l'égalité des salaires hommes-femmes et l'éducation (le coût élevé des études universitaires).

Si la "soccer mom", mère de famille fan de football américain (et de son fils footballeur), caractérisait l'électorat des années Clinton, le "Nascar dad", amateur de courses de stock-cars, les années Bush, les "femmes célibataires anxieuses" pourraient bien constituer un enjeu capital pour la prochaine présidentielle.

Hillary l'a bien compris : elle a déjà donné des conférences de presse sur les "Women on their own" dans plusieurs états.


D'un clic, le site de Women's Voices, Women's Vote


photo : Michael Maloney

28 septembre 2007

PJ Harvey , soldier's wife

Kurt Weill, Bertolt Brecht, PJ Harvey : un plan-séquence, trois bonheurs en un.

Polly Jean vient de sortir l'album "White chalk", composé de balades stratosphériques, bien éloignées de son univers rock déchiré coutumier.


Sur "Femmes avec vue" : PJ Harvey on fire


27 septembre 2007

République dominicaine : l'enfance violée

"Paradis" antillais la République dominicaine est aussi un "hot spot" du tourisme sexuel, pédophile en particulier. Mais, comme le révèle le documentaire "Vacances de rêve et tourisme sexuel", l'ennemi est parfois intérieur. Paru sur AgoraVox.


Dans ce documentaire, nous suivons entre autres un avocate dominicaine qui s'efforce d'arracher enfants dominicains (et haïtiens) à la rue. Devant la caméra, elle ne s'attaque cependant pas à un touriste prédateur, mais à "Coco", Dominicain dans la soixantaine qui vit avec une fille de 12 ans. Qu'il a violée lorsqu'elle en avait 8. Submergée sous les enfants, sans ressources, la mère de la fillette a consenti à cette "union" qui jette cependant la honte sur la famille, comme l'explique le grand-père.

A partir de là, ça ne va pas du tout se passer comme un scénarion de film ou téléfilm. Bien sûr, le magistrat qui pourrait intervenir sera surchargé de travail, refusera d'intervenir. Un commissaire, par contre, sous l'oeil scrutateur de la caméra occidentale, envoie trois policiers au domicile de "Coco". L'homme est emmené, bouclé en garde à vue.

Arrive la fillette au domicile de son violeur, le sien à présent, longiligne, visage brouillé. Elle gémit, une plainte continue presque insupportable. Elle pleure l'arrestation de l'homme, elle se désespère. Une fois dans le bureau de l'avocate, elle lui arrache le téléphone des mains lorsque celle-ci appelle le procureur. Avec une maturité surprenante, elle demande à lui parler.

Ce que ressent la gamine, explique l'avocate, c'est qu'elle risque de perdre l'homme qui la nourrit, lui achète des vêtements. Elle a totalement intégré qu'elle vivait en couple avec lui. Elle craint de retourner dans sa famille misérable, refuse de dormir dans un foyer pour enfants abandonnés.Elle se bat pour sa survie.

Elle exige de voir "Coco" à la prison. Elle l'appelle de l'extérieur. Il vient à la fenêtre grillagée de la geôle surpeuplée. Avec une assurance digne d'une fille bien plus âgée, elle lui crie qu'elle va le faire sortir de là "dès lundi".

Morale : il n'y en a pas.

Depuis Paris, France, puis-je comprendre ? Probablement pas.

Quelques pistes, jetées sur le clavier :
Enfant abusée, aliénée par son violeur.
Enfant misérable, se sentant à l'abri du besoin, sachant qu'une perspective de vie plus "normale" n'a rien d'évident.
Enfant sans enfance, tôt projetée dans la dépossession de soi.

Brecht : "Zuerst das Fressen, dann kommt die Morale" : "A bouffer,d'abord, ensuite la morale". La misère sape les bases morales. A noter, cependant, que la situation n'est pas considérée comme normale par le voisinage.


Dans tout cela, un mot : exploitation.

Ambiguité du tourisme : de jolies photos, comme celle plus haut, tirée d'un album "Springbreak" (Congés de printemps) sur Flickr.com.

La pauvreté comme spectacle, ou recherche de l'humanité ?


Documentaire de X. J'écris "X", car, sur le web, je trouve le nom du présentateur de l'émission "Enquête exclusive", pas celui du réalisateur... :(

Photo : Szeing.

25 septembre 2007

Gamine


La gamine est mignonne. Elle a dix ans, blonde, coupe avec frange, simple robe d'été. Elle est encore à l'âge où la parole, les avis des parents sont la foi, la loi. Elle fait les courses avec sa mère. Elles sont à la caisse. La petite fille veut aider, participer. Elle dispose les articles sur le tapis roulant, va ranger le caddy. Dès qu'elle bouge, fait un bruit, sa mère tourne vivement la tête vers elle, jette un regard scrutateur, réprobateur. La gamine capte chacun d'entre eux, ses yeux clairs grands ouverts, en alerte.

La gamine voudrait approbation et amour, elle reçoit stress, remise en cause, critique muette.

Petit elfe vibrant, elle volète, se heurte à un mur invisible.

Histoire de deux solitudes conjuguées, sans doute, peut-être.
Pas de blâme.

Photo : Andreas Hering

Boxes thaï : les filles en direct


Boxe thaï entre filles.

Affirmation de soi sur des territoires
autrefois réservés aux garçons :
violence physique, force, maîtrise de la force.

Le public, lui, est masculin.


Photo : "Pannipa Chayyated, 13, takes jab from Nimagee, 12" - Thomas Fuller - International Herald Tribune.

24 septembre 2007

Islam : la femme, bombe ambulante


Quelques lignes éclairantes de Véronique Perrin sur la pudeur selon "l'Islam intransigeant". Si la femme doit se dissimuler, se taire, c'est que l'homme est un animal sexuel incapable de contrôler la mondre pulsion... Et ce n'est pas à lui de s'amender.

" ... Il faut donc isoler le beau sexe, cloîtrer la femme, voiler son corps, assourdir sa voix. Prise au ras du tapis de prière, la pudeur musulmane vise surtout à maintenir la paix sociale. Tout se passe comme si l'instinct sexuel échapait totalement au contrôle de l'homme. Comme si la femme, allumeuse en diable, était une bombe ambulante dont la chevelure serait la mèche. Comme si le sexe de l'homme n'était qu'une allumette prête à craquer devant la première femelle venue. Et c'est ainsi qu'un voile de pudeur recouvre la femme. Le Coran en loue la vertu et la Sunna renchérit. Il vise d'ailleurs moins à dérober au regard la femme proprement dite qu'il veille à ne donner aucune prise à la concupiscence mâle. Une très proche parente, hors circuit de la séduction, une vieille femme, pourraient se dévoiler sans péril. Mais la jeune fille, l'épouse active, la femme mûre, doivent non seulement se couvrir mais aussi veiller à ce que l'étoffe du voile soit la plus épaisse et la plus ample possible... La pudeur ne procède pas seulement de l'intention, elle implique la précaution. Pas de parfum ou de clinquant ni de bruit de marche. Satan ne manquerait pas d'en caresser avec l'oreille, l'oeil et l'odorat du mâle. La croyante doit marcher dans la rue comme sur un champ miné, mine de rien. La voix fait partie de son intime féminité. Elle ne doit pas souffler mot en présence d'un étranger. "

Extrait de : "La pudeur - la réserve et le trouble" - Ed. Autrement

Photo : National Geographic



Dans "L'Avventura", irruption du désir

Dans "L'Avventura" d'Antonioni, le rythme lent, désabusé du film est rompu par une scène tourbillonnante. L'improbable "Gloria Perkins" provoque une émeute dans une petite ville sicilienne, pour la seule et unique raison qu'une couture a cédée sur la robe ajustée à son corps de starlette, découvrant un mince espace de peau et l'esquisse d'un porte-jarettelle.

Les hommes déferlent dans la rue, dans la boutique où elle vient chercher assistance, pour contempler ce spectacle d'un érotisme insoutable, dans une société sicilienne des années 60 où règne, parallèllement à la Maffia, le plus strict ordre moral, dans lequel, indique un autre personnage, les simples maillots de bain ne sont pas les bienvenus. La police doit intervenir pour l'évacuer de ce maelström dans lequel elle se meut avec une grâce languide.

L'ouragan érotique naît ici d'une exposition de l'intime rêvé, fantasmé, désiré. Le réel caché du corps féminin, de ce qui le pare, est un instant exposé.

Le personnage interprété par la fugitive Dorothy de Poliolio s'avère être en fait une courtisane de haut vol en quête de médiatisation. Dédiée au plaisir marchand, elle est l'avant-garde d'un mouvement de subversion.


22 septembre 2007

Pudeur en ce jardin


Je marchais dans les jardins du Palais-Royal en compagnie d'une femme à l'élégance simple et naturelle. Profonde, désabusée, cultivée.

Alors que nous avancions lentement, parlions, une jeune Japonaise à la mise classique vint à la hauteur de ma compagne. Les yeux baissés, elle murmura : "Madame, votre robe est ouverte".

Effectivement, un bouton de la robe, qui se fermait dans le dos, s'était rebellé, révélant un mince espace de peau claire sur ce corps paisiblement voluptueux.

J'ai remis en place le bouton vagabond. Un geste d'une intense et tranquille intimité.

De l'après-midi en ce jardin, je garde le souvenir de cette pudeur partagée, de cette timide solidarité, ce sobre message d'alerte porté par un être qui ne fit que nous effleurer.

Echo d'un univers féminin secret, que l'homme côtoie, et parfois perçoit.


10 septembre 2007

My name is England. Lynndie England.


Je m'appelle England. Lynndie England.

Je suis née en Virginie, en 1982.
Mon père travaille toujours à l'entretien des voies ferrées. Il gagne 1 500 dollars par mois.
J'ai grandi dans un "trailer park", un parc de caravanes, de mobil-homes, à Fort Ashby.
Notre "trailer" est loué 200 dollars par mois.
J'étais plutôt un garçon manqué.

J'ai d'abord travaillé chez Pilgrim's Pride, une usine d'abattage de poulets.
J'ai démissionné, car c'était trop glauque.
Ensuite, j'ai été caissière à l'IGA.

Je me suis mariée à un gars du pays. J'ai divorcé

Puis je me suis engagée dans l'armée à 17 ans, la police militaire, pour payer mes études.

C'est là que j'ai rencontré Charles Graner, une grande gueule, un type assez "wild", 15 ans plus âgé que moi. Avant, il avait été gardien de prison.
C'est dire s'il était qualifié pour la suite.

On s'amusait bien, Charles et moi. Enfin, je crois.

Il aimait qu'on fasse des trucs un peu spéciaux, et encore plus les prendre en photo.
Alors, je suis devenue son petit jouet, son petit modèle porno.
C'est fou, ce qu'on peut faire en s 'amusant.

En juin 2003, nous nous sommes retrouvés, un groupe de 20, en Irak. J'avais 21 ans.
On crevait d'ennui et de chaleur dans une sorte d'entrepôt.

Charles organisait des semaines à thèmes, sur des thèmes de cul, plus précisément.
Et il prenait toujours des photos.
Quand nous avons été mutés à Abu Ghraib, ça chauffait tout autour de la prison et dans la prison. Il y avait des tas de gens là-bas, pour "s'occuper" des prisonniers : soldats, police militaire, CIA.
L'objectif était de faire craquer les détenus, les "terroristes",
par toutes les pratiques d'humiliation possibles et imaginables.
Mon boulot, c'était de les empêcher de dormir durant les longs interrogatoires. Personne ne semblait trouver cela anormal. Le 11 septembre, et tout ça...

Charles a compris qu'il avait là un super-terrain de jeu sado-maso.
On pouvait faire mettre les prisonniers à poil, les aligner contre un mur, les entasser comme des colis, comme des poulets déplumés... ou les traîner au bout d'une laisse.
Un jour, il m'a passé la laisse, et, bien sût, il a pris des photos.
Il les envoyait par mail au pays. Il se vantait de ce qu'il avait encore "fait faire à Lynndie".

Vous connaissez la suite. Les clichés ont été publiés.

Les gens ont été indignés.
Ils ont été indignés par les traitement infligés aux Irakiens.

Ils ont été indignés parce qu'une Américaine humiliait des Irakiens.

Ils ont été indignés parce qu'une jeune femme humilait des hommes.

A la guerre, les femmes se terrent, pleurent et crient quand on tue ou mutile les hommes de leur famille, quand on les bat, quand on les viole.
Elles soignent les blessés, enterrent les morts, conçoivent et élèvent les futurs combattants.
A la guerre, les femmes ne tuent pas, ne commandent pas.
Elles n'humilient pas les hommes.
Tout faux, Lynndie England.


Les gens ont été indignés, les gens se sont régalés,
ils ont été révulsés.
Ils ont été émoustillés par mes photos perverses.

Charles Graner m'a fait un enfant, un garçon, Carter.
Charles Graner a pris 10 ans.

Moi, j'en ai pris 3. Pour conspiration, mauvais traitements aux détenus et actes indécents.

Le lieutenant-colonel Steven Jordan, responsable de la prison d'Abu-Ghraib, a reçu une "réprimande" au terme de son procès, le 30 août dernier.


J'ai été libérée sur parole, après 521 jours de détention.


Je m'appelle England. Lynndie England.
Désormais, mon nom n'est plus celui d'un pays.




"A soldier's tale, l'histoire de Lynndie England,par Tara McKelvey