22 novembre 2007

Boucing ball


Métro parisien, Ligne 1. Un jour de pas grève. Vers 19 h 00. Retour vers l'Est des travailleurs du Tertiaire, dont ceux de La Défense. Faces grises, vêtures sombres, toujours plus sombres de Parisiennes et Parisiens, des habitants de la Ville Lumière et de des périphéries. Mais je m'égare...

Brisant la grisaille, entrent une mère et sa fille dans les douze-treize ans. Pantalon, pull léger et blouson, cascadantes boucles brunes, la gamine porte une grosse boucing-ball rouge vif, qui, avec ses poignées en forme de pis, évoque une Holstein coachée par un soigneur du Tour de France.

La jeune fille passe rapidement la balle à sa mère, fonce sur la place libre en face de moi, s'asseoit, et, sérieuse, pensive, part dans son monde personnel. De temps à autre, elle jette un regard à sa maman, restée debout, la grosse balle rouge dans les mains. Passe entre elle une entente, une complicité qui fait plaisir à voir.

La maman est jeune, dans la mid-trentaine, grande, mince, séduisante en toute simplicité. Vêtue de noir, elle aussi, mais sur elle, ça passe.

Il me plaît bien, ce couple mère-fille. Il me fait du bien, dans l'ambiance tristounette du métro aux Blêmes. La mère est vaguement gênée par sa position décalée, brune adulte porteuse d'une boucing ball écarlate. Quand sa fille tourne la tête vers elle, elle lui lance une gentille mimique du genre "Tu exagères". Sans conviction. Et la gamine sourit.

Cette scène déclenche un fou-rire en moi, et je ne fais rien pour le maîtriser ou le dissimuler. La mère s'en aperçoit, et s'initie un échange sans regards généré par le côté comique, parce que vivant, de sa situation.

Un échange de regards se produit lorsqu'elles quittent la rame, lorsque la mère se libère de la balle dans les bras de sa fille, ou plutôt dans ses mains, puisqu'elle la tient par ses pis de Holstein de compétition.

La porte se referme. Mon trajet se termine harmonieusement, un peu de lumière humaine étant entrée dans cette rame de la Ligne 1 aux revêtements évoquant harmonieusement pierres tombales noires et grises.

Dieu, Hasard ou Nécessité merci, nous recevons plein de petits éclats lumineux de ce genre dans la ville et dans la vie.

Pour cela, il faut regarder.

Evidemment.




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