11 août 2007

Traqués de Grozny à Amiens

La femme de la semaine s'appelle Natalia Abouava, 29 ans. "Russe", en fait Tchétchène, elle s'était réfugiée à Amiens, France, avec son compagnon, Andreï, et son fils Ivan. Ivan est dans le coma, après une chute de 4 étages survenue alors qu'il suivait son père de balcon en balcon pour échapper aux policiers venus les expulser.


Séquence 1 : 9 août 2007 : la police française vient expulser Natalia Aboneva, tchétchène, Andreï Dembski, son compagnon ukrainien, et leur fils Ivan, 12 ans. Le père tente de s'échapper par les balcons. Son fils le suit, chute de 4 étages. Sombre dans le coma.


Séquence 2 : 1995 : Natalia met Ivan au monde, à Grozny, en pleine guerre russo-tchétchène qui réduit la ville en ruines.

Séquence 3 : images vues. La maternité de Grozny, démunie de tout, maintenue en activité par des infirmières et sages-femmes courageuses. Une jeune femme vient d'accoucher. Venir était une hasardeuse expédition. Traiter une éventuelle complication : une objective impossibilité. Le jeune père se présente devant la maternité. Rien qu'en agissant ainsi, il prend un sérieux risque pour lui-même. On lui annonce que l'enfant va bien. Mais il n'est pas content : c'est une fille. Il voulait un garçon, qui poursuivrait un jour la lutte contre l'occupant russe et ses collaborateurs.L'homme s'éloigne, dépité. Pas une parole pour sa femme. Elle pleure.

Séquence 4 : 2004 : Natalia, Andreï et Ivan fuient Grozny, les rafles arbitraires, les troupes russes et milices pro-russes, la "normalisation" sous le régime de Ramsan Kadyrov.

Séquence 5 : images vues. Hiver, neige. Une famille tchétchène, père, mère, deux petits enfants a été interceptée en forêt par les garde-frontières ukrainiens(difficile de s'échapper avec des mômes). Ils attendent, désespérés, en compagnie de soldats sympathiques mais qui ont des consignes à suivre. Le verdict de la juge tombe dans l'après-midi : expulsion, retour à la police russe, puis à la Tchétchénie ravagée. Ils avaient vendu leur maison pour pouvoir rejoindre la Pologne, et donc l'Union Européenne.

Séquence 6 : samedi 11 août 2007 : l'état de l'enfant s'améliore. Il faudra cependant des semaines, voire des mois pour se prononcer sur les conséquences cérébrales de sa chute.L'Etat français accorde un titre de séjour provisoire de 6 mois aux parents, "à titre humanitaire".

Affichage final : Comment la République française peut-elle expulser des gens en 2007 vers la Tchétchénie ?

Voix off ad libitum : "Comment la République française peut-elle expulser des gens en 2007 vers la Tchétchénie ?"

"Comment ?.."



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