Tout à la fois amant et metteur en scène, Roger Vadim a projeté sur la jeune Brigitte Bardot (22 ans) la femme qu'il aurait aimé qu'elle soit. Il en a fait un mythe féminin universel : "Et Dieu créa la femme" a créé "Bardot". C'est ce que démontre Francesco Alberoni dans "L'érotisme", livre profondément humaniste sur les pulsions érotiques différenciées de l'homme et de la femme, et leur fusion en marge du temps et de la quotidienneté.
" Brigitte Bardot est au contraire devenue un sex-symbol. Son image a d'abord été celle d'une adolescente sans inhibitions et un peu en marge.
Le signe de l'absence de danger, chez elle, a été un certain degré de désordre et de négligence : vêtue comme par distraction, les cheveux à moitié décolorés.Elle a joué les filles faciles qu'on peut prendre et laisser sans conséquences."
"Vadim a eu un talent; il a vu que la beauté de la femme qu'il aimait pouvait être universelle.
Mais cette beauté était encore une matière brute et il fallait l'animer d'un rêve. L'amoureux tend toujours à transformer celle qu'il aime de façon à le rendre encore plus désirable à ses yeux.Vadim a projeté sur l'actrice ses rêves, ses fantasmes érotiques, ses délires, et l'a conduite à en être l'instrument.
Il lui a dit comment s'habiller, comment parler, comment regarder, comment bouger, comment s'asseoir, comment dire oui, comment dire non.
La femme qui apparaît dans "Et Dieu créa la femme" est le produit de ce rêve d'amour. Il la montre au cinéma telle qu'il l'a imaginée pour la rendre infiniment désirable.
Son génie lui a fait voir ce que les gens de son temps désiraient et ce qu'ils attendaient. Le film est la réalisation, en chair et en os, de ce rêve collectif. C'est ainsi naît le mythe. "
Extrait de "L'érotisme", par Francesco Alberoni (Ramsay, 1987).
L'avis des critiques américains sur "Di
eu créa la femme", sur
Rotten Tomatoes
.
"Bardot, a suicidal sex bomb", par Peter Evans
Femmes des Années 60
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire