15 mars 2011

L'amour peut être sainement, passionnément cliché, avec Françoise Dorléac


Parcourant ses affaires quelques mois après sa mort inattendue sur la route, j’ai trouvé ce texte de Steff accompagnant la photo créée par lui qui m’a toujours tant apaisé, attiré. Sylvie, sa compagne, a découvert ces lignes tout comme moi, tout à la fois avec tristesse, jalousie et nostalgie. Elle m’a suggéré de t’envoyer tout cela, pour le porter à ta connaissance. Ce que je fais.

En cet après-midi clément de mai, tu souriais, doucement, discrètement mutine, maintenant d'un geste familier tes cheveux relevés. Tes yeux, tes lèvres, précieux, tentateurs. Vêtue d'une robe géométrique, révélatrice de tes bras musclés évocateurs d'étreintes. Modestement riche des mes 14 ans, j'étais fier de pouvoir te prendre en photo, en ce moment où tu t'ennuyais un peu dans ce vénérable jardin. Tu es morte un mois plus tard, arrachée par cet accident à mes pensées affectueuses, désirantes, adolescentes.

 Françoise Dorléac, french actress - Francoise Dorleac, Catherine Deneuve's sister - Fraoçoise Dorléac, texte de Thierry Follain - Dorleac, La peau douce, Cul de sac - Dorleac, Deneuve, Les Demoiselles de Rochefort, Les parapluies de Cherbourg, Jacques Demy, Peau d'Ane, La Baie des Anges, Lola - Blog with a View - blog-with-a-view.blogspot.com - Thierry Follain, chroniquer, auteur, concepteur-rédacteur - Thierry Follain inspiré par Françoise Dorléac

Deux ans plus tard,
par une nuit tout à la fois paisible et fébrile, j'ai de multiples fois tiré cette photo,
dans la maison assoupie,
dans la pièce allongée, vide, silencieuse, baignant dans les parfums enivrants, acides, des produits
et ceux de lavande, cyprès, jasmin et sauge perçant le voile noir tendu devant la fenêtre ouverte.



Jusqu'à ce que, les oiseaux bruissant, s'éveillant, j'ai sorti du bac de rinçage ce tirage me semblant parfait, révélant la perfection de ta chair, l'intensité de ton regard.

Regard fixé sur ce spectacle touchant, dont s'égouttait lentement l'eau purificatrice, j'ai alors pleuré, lentement, irrésistiblement.

Je t'aimais, tu sais...


Thierry Follain


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