23 juillet 2009

La bête, de Roslund et Hellström : Noir, c'est noir

Avec "La Bête", Roslund et Hellström signent un roman d'un noir d'encre, dont la société suédoise dans son ensemble ne sort pas grandie. De la pédophilie la plus cruelle à la fureur populaire, en passant par le désespoir solitaire d'un père à bout de souffle, le lecteur a bien du mal à respirer.

Des fillettes violées, mutilées, un écrivain en chute libre qui perd avec sa fille sa raison de vivre et devient justicier, des policiers blasés, vivant dans le passé ou tourmentés par leur infidélité, un jeune procureur qui ne vise que sa carrière, une juge qui sympathise avec l'accusé mais va cependant orienter le jury vers la perpétuité, une population qui s'empare d'un drame personnel pour se livrer aux pires excès, un système judiciaire et carcéral dénué d'humanité... bienvenue dans un monde sans espoir avec "La Bête" de Roslund et Hellström. Un roman plus que noir qui pourrait bien ressembler à la réalité. Durant le procès passe le souffle de "L'Etranger" de Camus, avec cet homme seul dans un box, totalement déconnecté des jurés, des juges, des journalistes, de la foule qui sympathise avec lui pour les plus mauvaises raisons. Seuls peuvent nous soulager en fin de lecture le souvenir de Marie, la fillette sacrifiée, Micaela, la jeune amante impliquée, Kristina, l'avocate, et Rebecka, la femme-pasteur. Lueurs d'espoir féminines dans un monde bien sombre.


La Bête (Odjuret) - Roslung & Elström - "Sang d'encre" - Presses de la Cité.


Illustration : Anders Engman/Megapix - Arne Oström





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